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Histoire de la mémoire traumatique

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 03/08/2023


C’est une certitude qu’il y ait une tendance génétique à la suggestibilité mise en évidence par les différents stades des mouvements du globe oculaire décrits par Herbert SPIEGEL. Cette vulnérabilité génétique à la suggestion est aussi une capacité génétique à la dissociation.

Après des siècles de négligence et d’abus envers les enfants en Occident, le 19ème siècle a vu un changement qui s’est amorcé au siècle des Lumières, avec l’influence des écrivains tels que ROUSSEAU au 18ème siècle et DIKENS au 19ème siècle. Après la guerre civile américaine, la société pour la prévention de la cruauté envers les enfants fut fondée en 1871.

Puis nous eûmes la première conférence à la Maison Blanche sous Théodore ROOSEVELT, qui a suivi. Mais en dépit des lois contre les abus et l’exploitation des enfants, la prostitution, l’exploitation des enfants et le travail d’esclave des enfants continuent encore, à un degré plus ou moins fort ; et subit une inspection plus ou moins appuyée.

En 1962, KEMPE et ses collègues commencèrent à publier au sujet des enfants battus. Ces publications, durant les trente dernières années, sont devenues des considérations très importantes dans le domaine du soin des enfants, en pédiatrie et dans le domaine public. Quoi qu’il en soit, les parents ont encore le pouvoir, de par le système traditionnel confirmé par les tribunaux, d’infliger des châtiments corporels à leurs enfants, en accord avec leur conscience morale et leurs traditions. Cela peut être difficile, mais des efforts ont été faits pour étudier les conséquences à long terme des différents degrés et des différentes durées des abus commis sur l’enfant, physiques et sexuels, sur le développement de l’enfant.

Certainement, nous savons qu’avec des conditions sévères et prolongées, les enfants échouent et ne réussissent pas. Les enfants dont on a abusé présentent des pleurs et sont irritables ; ils présentent des difficultés alimentaires et des retards dans le développement moteur et social.

Dans la deuxième moitié de la première année de vie, l’ensemble de leurs réponses sociales devient manifestement déficient, et il y a davantage de retraits affectifs, et ils montrent un manque de plaisir dans leurs interactions sociales. Ils présentent une humeur préférentiellement irritable, ou malheureuse et quelquefois un échec de l’attachement à leurs mères, avec une absence de peur de l’étranger et une absence d’angoisse de séparation.

Les petits enfants et les enfants d’âge préscolaire montreront également des retards dans le langage et dans le développement social, et dans les compétences motrices.

Ils apparaîtront apeurés, hyper-vigilants et anxieux. Ils montreront des émotions brutales et un manque de spontanéité dans leurs jeux. Ils seront incapables d’imaginer quelque chose autour d’un jouet. Ils montreront des thèmes de punition qui illustreront le mécanisme de défense psychodynamique d’identification à l’agresseur.

En cela, ils seront plus durs et plus punitifs avec les personnes du jeu et avec les autres enfants.

De nombreux enfants d’âge préscolaire, en particulier des filles, si elles quelqu’un en a abusé, seront soumises, passives et excessivement compliantes. Mais ces enfants dont on a abusé ne sont pas toujours aussi passifs et aussi compliants. Environ 25 % d’entre eux ont tendance à être négatifs, hostiles et agressifs envers leurs camarades et envers les adultes, aussi bien qu’hyperactifs avec agressivité et hostilité.

Certains de ces enfants vont alterner entre un retrait dans la soumission et une conduite hostile et opposante.

Dans la période juvénile du développement (entre 7 et 12 ans), ces enfants dont on a abusé sont solitaires, retirés du monde, méfiants et sans joie.

Ils vont quelques fois montrer des conduites qui apparaissent comme très matures, mais qui sont seulement un faux-semblant qui recouvre la peur sous-jacente, l’absence d’émotions et la personnalité infantile, pseudo-maturité, donc.

Quelquefois, ils sont très compulsifs, quelquefois, ils présentent un contrôle très pauvre de l’impulsivité, avec une faible tolérance au retard dans l’addition des conduites agressives et destructrices décrites plus haut. Tous ces enfants montrent un manque total d’estime de soi. Ils semblent se regarder avec le contentement et le déplaisir que leurs parents ont montrés envers eux. Cela est très souvent observé dans l’attitude des enfants par rapport à eux-mêmes ou par rapport aux autres, en celà ils expriment l’attitude de parents, hostiles et critiques et qui comporte de la dépréciation, attitude qu’ils reprennent comme une partie de leur propre système du soi et comme une orientation envers leurs camarades et envers les adultes.

Il y a aussi une incidence importante de conduites masochistes et auto-destructrices qui peuvent prendre la forme de véritables tentatives de suicide ou de gestes suicidaires, ou de prédispositions aux accidents et aux auto-mutilations.

Arthur GREEN (1982) a trouvé un record de telles attaques du soi dans 40 % d’un grand échantillon d’enfants dont on a abusé.

La conduite auto-destructrice est souvent précipitée non seulement par l’abus physique des parents, mais aussi par une séparation réelle ou par une menace de séparation de ces mêmes parents. Ces affects peuvent durer très longtemps. Des enfants d’âge scolaire dont on a abusé, maintiennent souvent des images contradictoires des parents qui ne peuvent pas être réconciliés.

Nombreux sont les enfants qui ne racontent pas les abus dont ils ont souffert, non seulement à cause de la peur, mais parce qu’ils doivent maintenir une image de leurs parents, celle de bonnes personnes quelle que soit la façon dont ils ont été maltraités. Ils se voient plutôt comme mauvais et essaient de justifier les punitions des parents. Ceci, bien sûr, met en place le terrain pour une prédisposition dépressive. Finalement, et peut-être de façon plus importante, l’image interne d’un bon parent, sans se soucier du caractère inexact que la représentation peut avoir, apporte de l’espoir à l’enfant. L’imprévisibilité des parents qui abusent entraîne un type anxieux d’attachement. La présence et l’approbation d’un parent deviennent désespérément importantes et provoquent l’anxiété. Des attitudes isolées et méfiantes dans ces familles découragent un enfant de développer des relations meilleures en dehors de la maison.

Certains de ces enfants s’organisent de manière à se protéger en tissant de très bonnes relations en dehors de leur maison, malgré les efforts de leurs parents pour empêcher cela.

Beaucoup d’enfants dont on a abusé ont montré des signes de lésions neurologiques, probablement dues à un processus de sélection, à la malnutrition, à des soins trop pauvres, ou à une déprivation dans les relations maternelles, ou encore à une déprivation sensorielle et cognitive des stimulations.

En comparant des groupes égaux d’enfants dont on a abusé et qui ont été négligés, avec des groupes témoins d’enfants normaux, GREEN et ses collègues, en 1982, ont trouvé des différences insignifiantes à propos du délabrement neurologique qui existait entre les enfants dont on a abusé et ceux qui ont été négligés, qui n’ont pas souffert d’abus physiques. Cela ne doit pas être une surprise de trouver que l’adaptation scolaire de la plupart des enfants victimes d’abus est très pauvre.

Leurs déficits neurologiques cognitifs, leurs déficits dans l’attention, les projettent dans un handicap intellectuel. Leur contrôle des impulsions, qui est pauvre, leur hostilité, leurs pauvres relations de collaboration avec les professeurs et les camarades, tout cela compose leur problème.

Un certain degré de développement est nécessaire pour l’application assidue du travail scolaire ou même des hobbies et des activités récréatives.