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Histoire de la mémoire traumatique

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 03/08/2023


Chez ces enfants, alors que le niveau mental n’est pas atteint, les compétences nécessaires ne peuvent pas émerger à cause des troubles émotionnels extrêmes internes et externes qui interfèrent avec la consolidation des défenses et des compétences.

Toutes ces difficultés persistent dans l’adolescence. NOSHPITZ (1990) décrit comment l’agressivité et les conduites auto-agressives peuvent devenir plus inquiétantes, avec des développements graves de la délinquance ; et à ce moment là, des conduites violentes et des tentatives de suicide surviennent.

Dans les populations de patients psychiatriques adolescents et de délinquants juvéniles des histoires d’abus ont été retrouvées fréquemment. Les délinquants juvéniles dont on a physiquement abusé sont plus aptes que les délinquants qui n’ont pas été victimes d’abus à commettre des violences et à avoir des parents criminels ou alcooliques. Ils abusent fréquemment de la drogue et de l’alcool pour s’identifier à travers la substance à leurs parents, tout autant que pour lutter avec leur manque d’estime de soi, et avec les problèmes accablants qu’ils ont avec tout un chacun dans leur entourage : la famille, les camarades et l’école.

Quand l’enfant arrive à l’âge de la puberté, le traumatisme ajouté de l’acte sexuel peut s’accroître et contribuer au fardeau déjà existant de l’abus physique. Les réactions de l’enfant à l’abus sexuel apparaissent souvent comme une des formes d’un syndrome de stress post-traumatique très proche de ce qu’on observe chez les survivants de guerres, de crime ou de catastrophe.

Les caractéristiques principales du syndrome post-traumatique comprend l’anxiété, la culpabilité, les perturbations du sommeil, les troubles de l’humeur, de la concentration et de la mémoire. La victime peut ou non revivre un traumatisme brusquement et de façon intrusive, comme dans les cauchemars, ou dans les souvenirs de ces évènements, ou comme dans des ressentis brutaux ou des reviviscences soudaines des évènements.

L’abus sexuel peut être considéré comme appartenant à la même catégorie, des évènements traumatiques avec une mémoire traumatique, comme tout aussi bien les abus physiques. Quoiqu’il en soit, quelquefois l’enfant peut ne pas être au courant du caractère nuisible de l’activité sexuelle à laquelle il a participé ; comme on l’a expérimenté avec les abus physiques chez l’enfant.

L’enfant dont on a abusé sexuellement trouve le plus souvent difficile de relater ce qui lui est arrivé. Les conduites véritables qui ont constitué l’abus ou l’exploitation recouvrent une grande variété d’évènements, y compris l’exhibitionnisme, les caresses génitales ou les maltraitances génitales, les relations sexuelles orales, anales ou génitales.

L’âge des victimes s’échelonne depuis la petite enfance (1 ou 2 ans) jusqu’à l’âge légal du consentement. L’abus peut avoir lieu une seule fois, ou quelques fois, ou avoir été répété fréquemment, ou même régulièrement durant des mois, ou même parfois des années.

Dans les deux cas, abus physique ou abus sexuel, il y a des définitions culturelles qui produisent des variations dans l’âge auquel telle ou telle activité sexuelle est considérée comme appropriée, ou dans le type d’activité sexuelle permise dans les différentes sociétés. Le degré de consanguinité selon lequel des relations sont permises ou interdites varie beaucoup.

Des formes de punitions, parfois même par le fouet, peuvent appartenir à un code religieux auquel une culture particulière adhère et qui peut être soutenu par une instance légale. Par exemple, l’excision du clitoris faisait partie d’une culture particulière en Afrique jusqu’à une époque très récente. Elle était recommandée en tant que traitement de la nervosité dans le célèbre traité de pédiatrie de HOLT et MACINTOSH jusqu’aux années 1940 aux USA.

A tout âge, les enfants dont on a abusé sexuellement peuvent présenter des signes d’irritation génitale, de suppuration, ou de saignement vaginal et certains développent des maladies vénériennes. Ils peuvent également présenter des infections du tractus urinaire et des déchirures, ou une inflammation du rectum. L’incidence des gonorrhées diagnostiquées chez les enfants âgés de moins de 10 ans a augmenté de manière dramatique durant la dernière décennie. Ces enfants montrent parfois une masturbation compulsive qui peut refléter une stimulation sexuelle excessive, avec ou sans symptômes d’inflammation des organes génitaux.

Cependant, la majorité des victimes ne montrent pas de signes physiques de l’abus dont elles ont souffert.

Sur le plan psychique, cependant, ils peuvent présenter des changements abrupts dans leurs conduites. Ils présenteront des peurs, des phobies scolaires, des frayeurs nocturnes, une attitude de retrait et des terreurs soudaines en présence d’adultes qui ne leur sont pas familiers. Des enfants qui allaient bien jusque là peuvent développer soudain des difficultés à l’école, des problèmes avec leurs camarades et une humeur changeante. Ils peuvent également présenter une énurésie et une encoprésie. Ils peuvent commencer à s’attacher, ou bien montrer de soudaines explosions qu’ils n’avaient pas montrées auparavant. Ils peuvent aussi présenter des conversions hystériques décrites par JANET, FREUD et par d’autres.

Aucun de ces symptômes par eux-mêmes ne sont nettement des évidences de l’existence d’un abus. Ils surviennent également dans de nombreuses conditions. Il n’y a aucun signe ou symptôme qui survient uniquement chez des enfants dont on a abusé sexuellement. Donc, on doit prendre la peine de collecter des données exactes et de construire un tableau avec une histoire et des informations provenant d’autres personnes aussi bien que de l’enfant et sa famille.

Les aspects du développement de l’enfant dans les réponses au fait d’avoir été abusé sexuellement, sont variables : une victime d’âge préscolaire peut régresser dans son expression verbale, dans sa toilette et dans un fonctionnement indépendant en devenant collant ou en se retirant.

Quelquefois, ils remettent en scène des fragments de l’expérience traumatique en montrant des conduites sexuelles inappropriées ou des jeux stéréotypés. En contraste avec cela, les enfants plus grands deviennent plus préoccupés par les résultats de la mauvaiseté de la culpabilité, les auto-accusations, ces enfants craignent le châtiment et également d’être blâmés pour avoir fait exploser la famille. Donc ils peuvent rechercher les punitions externes par des conduites provocatrices suscitant la punition qui augmente encore leur sentiment de culpabilité interne. Les filles, parfois, deviennent davantage passives et bien plus dociles qu’auparavant, perdant leur curiosité et le degré d’initiative dont elles faisaient preuve auparavant.

A l’âge scolaire, l’identification à l’agresseur peut prendre la forme de conduite sexuelle agressive, avec d’autres enfants, soit de leur âge, soit plus jeunes.

Le resserrement du moi dont ils souffrent provient de l’anxiété et le traumatisme peut entraîner des problèmes d’attention et de concentration qui peuvent être provoqués par des sujets qui se heurtent à des évènements traumatiques, biologiques, par exemple. Ils peuvent aussi montrer un pseudo-retard, un mutisme électif ou des symptômes de conversion.