À l’heure où la CIIVISE est démantelée au profit de dirigeants supposés sérieux et non militants, il paraît nécessaire de faire le point sur un concept défendu par la nouvelle vice-présidente, Caroline Rey-Salmon. Son arrivée à la vice-présidence illustre l’impulsion que le gouvernement souhaite donner à la Ciivise. La médecin légiste, à la tête de l’unité médico-judiciaire de l’Hôtel-Dieu à Paris, avait claqué la porte de la commission au printemps 2022, sur fonds de vifs désaccords, comme l’avait raconté Mediapart. À l’instar de l’Ordre des médecins, elle s’opposait alors à l’obligation de signalement des professionnel·les de santé, demandée par la Ciivise. Cette dernière défend aussi le SAP.
Quand le psychologue expert Jean-Luc Viaux se réjouit de ces nouvelles nominations : « On va remettre un peu de sérieux médical et scientifique là-dedans. Rey-Salmon n’est pas une idéologue. » Pour l’avocat Rodolphe Costantino, avocat et fin connaisseur des maltraitances infantiles, « on ne pouvait pas mieux trouver », louant la vision « plus rationnelle, pas moins engagée mais pas militante » de la pédiatre. On se demande de quel genre de sérieux on parle. Et surtout à sa joie de voir la science faire sa place au sein de la CIIVISE, on lui oppose que le SAP n’a rien de scientifique.
À l’autre bout du monde, on conçoit le sérieux de la justice et la science tout autrement.
Dans le Canberra Times du 7 juin 2016 Alexandra Back écrit :
(Traduit par Nelly Jouan, traductrice-expert près la Cour d’appel de Rennes)
Un psychologue de Canberra a fait l’objet de mesures disciplinaires après avoir affirmé dans son rapport d’expertise que les enfants de sa cliente souffraient du « syndrome d’aliénation parentale », un syndrome qui n’a pas été reconnu officiellement par les autorités de régulation de la profession de psychologue.
Un tribunal s’est également montré critique dans son évaluation du rapport d’expertise, affirmant qu’il allait au-delà de l’expression d’une opinion ou d’une conclusion raisonnable et qu’il « rejetait la faute et les comportements délibérément déshonorants sur l’ex-femme ».
« Les propos de cet expert sont chargés émotionnellement, passionnés et excessifs. Ce rapport ne constitue pas une évaluation ou une opinion objective de la situation ».
Le psychologue a rédigé le rapport médical pour son client, qui en avait besoin afin de compléter un formulaire Centrelink en lien avec sa demande de soutien aux personnes handicapées.
« En 2009, la femme de mon client l’a détruit, elle a pris tout ce qu’il possédait et l’a privé de ses enfants – c’est le pire divorce que j’ai jamais vu – mon client a été dévasté par ce divorce », a écrit le psychologue.
« Mon client aime ses enfants, mais ils ont été dressés contre lui (« syndrome d’aliénation parentale »), il ne voit désormais plus qu’un seul enfant, les autres ne lui parlent qu’occasionnellement, ce qui l’affecte beaucoup de manière constante et fluctuante ».
Lorsque l’ancienne compagne et mère de quatre enfants a lu les accusations dirigées contre elle dans le rapport d’expertise psychosociale, elle a déposé plainte au conseil de discipline.
Le conseil a imposé des conditions aux activités professionnelles du psychologue, mais celui-ci a introduit un recours contre ces conditions au tribunal civil et administratif (ACT).
Mais un témoin expert et psychologue a affirmé au tribunal que le syndrome n’était pas un trouble reconnu par le DSM-V.
« L’expert a expliqué que les rapports des psychologues avaient une certaine influence, mais qu’ils devaient nécessairement être fondés sur des éléments de preuve ».
L’expression « syndrome d’aliénation parentale », qui est parfois mentionnée dans les dossiers relevant du droit de la famille, est censée expliquer les fausses accusations d’un parent à l’encontre d’un autre, souvent dans le contexte de maltraitances sexuelles faites à l’enfant.
Le tribunal a accepté l’évaluation de l’expert s’agissant de ce syndrome.
« La validité de ce terme n’a pas été reconnue dans les classifications psychiatriques et ce n’est pas une terminologie qu’un psychiatre ou un psychologue formé serait susceptible d’employer ».
Le tribunal a également critiqué le rapport pour son manque de professionnalisme.
« Le rapport fait abstraction de l’intervention du Tribunal aux affaires familiales dans les affaires conjugales des parties. Il ne fait aucune différence entre les faits, la rumeur, l'ouï-dire et l'opinion personnelle », a affirmé le tribunal.
« Il emploie une terminologie spécifique, le « syndrome d’aliénation parentale », en postulant à tort que ce syndrome est une classification psychiatrique reconnue et fréquemment employée ».
Le psychologue qui a fait l’objet de mesures de discipline devra organiser à ses frais la supervision mensuelle de ses activités professionnelles pendant six mois. --- fin de l'article.
Doit-on s'attendre à une recrudescence du SAP dans les expertises durant les prochaines années de cette CIIVISE nouvelle formule masculiniste ? À n'en pas douter on devra aussi s'attendre aux réactions de ceux qui luttent contre les dysfonctionnements de la justice, lesquels reposent souvent sur ces experts prétendument scientifiques évoquant le SAP (sans jamais le citer), la mère fusionnelle, un « conflit parental massif » quand il s'agit d'entendre la parole d'enfants incestés. L'éviction du Juge Durand et son remplacement par des personnalités qui n'on pas montré un grand engagement contre la pédocruminalité familiale est un signe grave qui indique probablement dans quel esprit le gouvernement actuel orientera sa politique de protection de l'enfance.
À lire les articles de Marie-Christine Gryson, psychologue clinicienne, experte judiciaire (1989-2015) : SAP: trois QPC et un cas lourd pour en dénoncer les conséquences, & Le SAP ignore la psychologie de l'enfant traumatisé.
En 2020 L’Organisation Mondiale de la Santé supprime l’aliénation parentale de l’index de sa classification.
En décembre 2016, le Ministère des Familles de l'Enfance et des Droits des femmes annonce la prochaine publication d'une fiche visant à proscrire l'utilisation du concept idéologique dénommé SAP ou AP. Il sensuivra en juillet 2018, un texte très ambigu que n'ont jamais manqué d'utiliser les propagandistes du SAP.
« Dans les cas de violences conjugales ou de violences faites aux enfants, l’allégation du « syndrome d’aliénation parentale » soulève de réelles difficultés. Elle conduit à décrédibiliser la parole de la mère, exceptionnellement du père ou de l’enfant, et par conséquent à en nier le statut de victime en inversant les responsabilités. Or, aucune autorité scientifique n’a jamais reconnu un tel « syndrome » et le consensus scientifique souligne le manque de fiabilité de cette notion. Il n’est reconnu ni par le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM5) ouvrage de référence de l’association américaine de psychiatrie (APA), ni par la classification internationale des maladies publiée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS). La recherche démontre que les fausses allégations de maltraitance ou de négligences sur les enfants sont marginales.
C’est pourquoi une communication visant à proscrire l’utilisation de ce concept sera réalisée, via la publication d’une fiche sur ce sujet, sur le site du ministère de la Justice. »
Si ce texte semblait marquer un progrès, les propagandistes n'utiliseront plus le terme mais sa défintion. On trouvera donc dans les expertises soi-disant scientifiques que, dans les affaires de dénonciation de faits d'inceste, la plupart des mères sont impliquées dans une campagne de dénigrement à l’encontre du parent prétendument détesté, le père promu au range de victime.
On trouvera sur le site du REPPEA, de nombreux articles qui présentent la réalité malfaisante et toxique du SAP.