Partenaire ou ami.e
La vie en couple, les questions, comment réagir ?
Quelques suggestions pour soutenir
Acceptez la réaction de votre partenaire et ce qu’il.elle décide de faire ?
Partenaire ou ami.e
Ce document est extrait du guide Vivre avec un.e conjoint.e rescapé.e de violences sexuelles, paru en 2022 aux éditions Lierre et Coudrier. Les indications que vous y trouverez demeurent pertinentes, que vous viviez en couple ou que vous soyez un.e proche. Ainsi, partout où vous trouverez le terme “ partenaire “, vous pourrez y substituer le terme proche.
La vie en couple - Les questions, comment réagir ?
Pour comprendre comment aider votre partenaire, il faut revenir sur chaque étape du processus de cautérisation. En comprenant mieux, vous pourrez faciliter la transition d’une étape à une autre.
En premier lieu, sachez que la meilleure façon de contribuer pleinement au processus de cautérisation c’est d’être à l’écoute, une écoute attentive. Ne pas interpréter ce qui se dit ou se fait selon des critères normaux, des convictions personnelles, voire des préjugés. Ne pas chercher à se mettre à place de votre partenaire ...
Quelques suggestions pour soutenir
Ecoutez votre partenaire, ne mettez pas en doute ce qui vous est confié.
- Ecoutez votre partenaire. Donnez-lui le temps de parler. Il peut être tentant d’évoquer vos propres expériences. Essayez de ne pas faire ça. Les rescapées ont besoin d’être comprises dans leur ressenti du moment.
- Une bonne écoute ou une écoute active signifie que vous aidez votre partenaire à développer ses propres pensées afin qu’elle puisse envisager les situations selon ses propres appréciations et prendre des décisions assumées. Cela signifie ne pas prendre parti et ne pas prendre de décisions à sa place. ( J’ai souvenir d’un mari qui se disait à l’écoute attentive de son épouse violée par un proche de sa famille. Elle avait gardé ce fait sous silence pour ne pas inquiéter ses parents. Le mari a décidé de révéler ce qui s’était passé lors d’une cousinade. Ce fut une catastrophe ! Sa femme s’est sentie à trahie et dépossédée d’elle-même ). Le plus grave est que, avec un si grand niveau de sensibilité, la rescapée peut, à nouveau, perdre confiance en son entourage. Outre qu’un tel manque de considération risque de miner la complicité que le couple pouvait avoir créée. C’est une prise de pouvoir qu’une personne abusée aura du mal à pardonner. Même si, pour se protéger, elle n’en dira mot.
- N’ayez pas peur des longs silences, voire des changements d’humeur. Votre partenaire est sûrement dans “ son monde “ et la perturber peut l’agacer, voire exacerber sa mauvaise humeur. Votre présence est importante mais il n’est pas toujours nécessaire de la manifester ostensiblement.
- Certaines survivantes préfèrent ne jamais évoquer les abus sexuels, même au travers de conversation avec des amis, etc. Cela tient au fait qu’elle veulent préserver leurs proches. Vous pouvez vous douter de quelque chose, soyez délicat, ne forcez pas les portes du dévoilement.
- Quand vous posez des questions - préférez celles qui laissent le choix à votre partenaire. Par exemple : “ Comment te sens-tu à ce sujet ? “ Evitez les affirmations comme pour signifier que vous comprenez ce qui se passe. Evitez les commentaires et avis trop imprégnés de morale et de bienséance comme “ Tu aurais pu faire telle ou telle chose “ ou “ Tu dois te sentir mal ? “
Acceptez la réaction de votre partenaire et ce qu’il.elle décide de faire ?
Quelle que soit la manière dont votre partenaire réagit aux abus, acceptez et essayez de comprendre sa réaction, même si vous ne trouvez pas certaines réactions sympathiques ou acceptables. La haine, la vengeance peuvent choquer votre sens moral, mais ce ne sont, pour les victimes qu’un sursaut de défense. Dans les annales de criminologie, les passages à l’acte sont rarissimes.
Plutôt que de remettre en question ce que votre partenaire fait ou non pour faire face à la violence, acceptez que ce fut tout ce qu’elle pouvait pour survivre en évitant le pire. Par exemple, lors d’un viol, il est très commun que l’autoprotection soit de ne pas riposter par peur d’être assassinée. De nombreux témoignages vont dans ce sens. Cela n’empêchera jamais certaines personnes, dont des proches, de penser qu’elles auraient dû être capable de crier, d’hurler, de griffer, de se débattre. La paralysie est une réponse naturelle de survie au danger. ( Les autres réponses de survie consistent à se battre ou à fuir ). Le cerveau prend le dessus, c’est automatique et instinctif.
Votre partenaire peut avoir certains liens avec l’agresseur et sa famille, et/ou sa communauté au sens large. Il peut y avoir d’autres enfants impliqués. Ces derniers sont donc concernés. Il s’agit donc d’être prudent car toute révélation peut affecter votre famille élargie, vos relations et d’autres familles.