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L'instrumentalisation de l'enfant victime, phénomène de société ?

De la perversion des mœurs et des lois

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 03/08/2023


Peut on dire d’une société qu’elle est perverse ? – 5

Une société se constitue et se structure autour d’une représentation du monde – ou cosmogonie – librement acceptée par ses membres et transmise de génération en génération. Quelle soit religieuse ou scientifique cette vision englobe l’univers et elle est censée donner à l’ensemble du monde sensible une explication et une cohérence.

Elle est constitutive d’un ordre – cosmos – autour duquel s’érige une structure qui dépend de cette ordre. Ainsi naissent des codes moraux et des règles de vie.

Elle définit un territoire et une histoire, ainsi chaque membre trouve le moyen d’un épanouissement individuel ou collectif à l’abri de tout ce qui pourrait paraître étrange, différent...

L’histoire façonne et permet à cette représentation de se transformer peu à peu au gré des mutations sociales, politiques ou naturelles.

Qu’importe qu’une ethnie se contente d’un petit territoire, ou qu’elle cherche à l’étendre comme celle des Indo-européens dont nos peuples sont issus, ces éléments fondamentaux agissent au sein de l’espèce sapiens.

La constitution d’un temps historique– quelqu’en soit la valeur et les modalités de transmission – repose sur le besoin vital de chaque société d’assurer sa propre continuité. Or cette continuité repose sur la perpétuation de l’espèce, d’où l’importance de codes chargés de protéger l’enfant et celle qui lui donne vie.

Au sein de l’espèce, ce sont les éléments du groupe les plus faibles – tout au moins durant la grossesse et les premiers temps de la vie pour la mère – qui portent les germes de l’avenir du groupe. C’est en cela que dans certains groupe ethniques, on les fait « taboo », sacrés en quelque sorte, bénéficiant donc d’un statut supérieur à celui des autres membres du groupe.

Les fondements du droit

Déjà bien avant les temps historiques, les plus anciens codes juridiques, dont le Code d’Ur-Namu, prévoyaient la défense des faibles contre la violence des plus forts. Il s’agit là de l’inscription anthropique d’un instinct fondamental que l’on repère même parmi les espèces animales supérieures – mammifères notamment.

Le droit évolue avec la société, sous la pression de l’environnement et des aléas historiques. Son évolution est plus lente que celle des grands mouvements d’une société mais elle existe. Or nous avons noté que, dernièrement, notre parlement avait voté une loi pour protéger les acteurs de signalement de maltraitance. Singulière intention cachée derrière cette loi. En effet, la loi fait obligation aux professionnels de santé de signaler ces maltraitances. Voter cette loi c’est de la part de nos élus reconnaître que l’Institution a été incapable jusqu’à présent de protéger ceux qu’elle contraignait déjà. Aveux d’impuissance et paroles rapidement oubliées devant les réalités du terrain.

Un autre principe fondamental de nos sociétés – 6

Ce qui suit n’est pas hors sujet, contre toute apparence...

En 1992  les chefs d'État des douze pays membres de la Communauté économique européenne signèrent le texte du traité sur l'Union européenne. La France en faisait bien évidemment partie.

Proposé par référendum le 20 septembre de la même année au peuple français pour ratification il fut rejeté, les clivages politiques traditionnels traversés.

Malgré cela, après de nombreuses péripéties politiques et une formidable campagne de désinformation la France finit par ratifier ce traité qui a désormais valeur constitutionnelle. Sous le nom de traité de Maastricht il définit comme universels et fondamentaux les dogmes de la « culture d’économie libérale ». Le phénomène dit de mondialisation des marchés impose donc une représentation du monde universelle. En termes anthropologiques il s’agit ni plus ni moins que d’instaurer une mythologie fondatrice de nouveaux comportements, à charge pour chaque état de faire respecter cette représentation par son peuple. Cela revient à imposer une conversion et si ce terme à connotation religieuse paraît inapproprié il convient de revenir aux sources historiques de naissance des religions.

L’économie libérale et son corrélat, la dérégulation des marchés s’imposent donc en Europe à tous les états signataires comme représentation du monde, comme ordre – cosmos – et comme morale – la manière dont nous devons commercer entre nous, ce qui revient à imposer une certaine façon d’échanger.

Le principe de dérégulation, pierre angulaire du libéralisme économique consiste à lever tout contrôle d’un secteur voire de l’économie en général. De même sont levés les mécanismes de contrôle des prix. Cela induit donc la disparition des contrôles exercés par l’État sur les entreprises publiques qui sont privatisées. De même les réglementations économiques doivent-elles disparaître ou être assouplies. (Les contraintes imposées à la Grèce en sont une parfaite illustration)

Cette liberté accordée au sein de l’économie dite de marché s’appuie sur l’idée qu’en favorisant la libre concurrence – autre dogme du libéralisme économique – les marchés finissent par s’auto réguler selon une dynamique naturelle. Notons en passant l’évocation de la nature intervenant pour harmoniser, en quelque sorte, des échanges fondés sur la libre concurrence, donc sur la loi du plus fort. La nature serait donc fondée elle-même sur le principe de la domination du plus fort. Plus encore, la fluidité de la concurrence faciliterait l’innovation. Grande institution tutélaire, la Banque Mondiale fut créée pour surveiller la bonne application de ces dogmes à l’échelle mondiale.
On voit, mêlés au sein de ces théories de l’échange, des règles et des principes qui dévoilent une représentation du monde sensée être universelle. Ce qui nous rapproche des principes sacrés au cœur de toutes les religions.

Nous avons vu plus haut qu’une société se construit sur une représentation du monde essentielle à la construction des identités personnelles et celles-ci sont liées au rôle régulateur de certaines règles chargées d’assurer ordre, continuité et sérénité aux membres du groupe. Dans ce que nous nommons démocratie, depuis l’antiquité l’État est chargé de veiller à l’application de ces règles, en toute équité et pour éviter que les plus forts écrasent les plus faibles.

Les défenseurs de la dérégulation s’appuient sur l’argument selon lequel les marchés pourraient s’autoréguler naturellement. On se demande à quoi ce principe naturel censé tendre vers l’harmonie et l’innovation pourrait bien renvoyer. En effet, si les codes juridiques ont très tôt fait leur apparition dans l’espèce humaine – le plus ancien daterait de 4000 A.C. – c’est bien parce que la tendance naturelle des individus de l’espèce humaine est d’imposer la loi du plus fort... Et il fallut l’autorité de quelques individus investis d’une mission supérieure – donc consentie par les membres du clan – pour imposer des règles, des lois et des codes.