Bandeau logo de l'association Cavacs-France

L'instrumentalisation de l'enfant victime, phénomène de société ?

De la perversion des mœurs et des lois

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 03/08/2023


Les questions – 2

On découvre au fil de nos interventions de cliniciens ou comme accompagnateurs de victimes, que la loi implicite dominant/dominée est toujours d’usage dès qu’il s’agit « d’atteintes sexuelles » que ce soit au sein de la famille ou dans la société civile – viol, agressions des femmes, etc. Ici, la suprématie du sujet mâle se révèle dans toute sa barbarie parfois. Au sein de la famille c’est la propriété du père et son pouvoir sur tous les autres membres qui apparaît, comme au temps des Romains sous l’égide de la patria potestas.

L'institution de la patria potestas s’appuyait, dans le droit romain, sur la nécessaire préservation des liens familiaux. Il permettait la survie de l'ensemble du groupe qui demeurait ainsi sous le contrôle et l'autorité d'un seul élément, le patriarche. Ainsi le groupe ou clan évitait une fragmentation excessive. 

Cet aspect androcentrique, combiné à une forte hiérarchisation des relations familiales où la femme et l’enfant occupent une place dévolue à la perpétuation de l’espèce a longtemps été attribué aux anciennes civilisations méditerranéennes. Dans les faits, on en constate les traits plus ou moins marqués jusqu’à l’aube de l’ère industrielle. Et, s’agissant de la sphère privée du cercle familial, nous sommes amenés à en constater la survie quand il est question de maltraitance et de violences sexuelles intrafamiliales.
Comment la loi est-elle si facilement pervertie, les victimes instrumentalisées, humiliées, frappées dans leur dignité ?

Que des acteurs institutionnels chargés de faire respecter la loi dans toute sa rigueur et son équité se transforment, plus ou moins à leur insu, en factotum de la violence familiale serait-il révélateur d’une déviance à décrypter ?

Cette déviance serait-elle réservée au territoire privé de la famille ?

Peut-on envisager qu’elle trouve ses sources et ses modèles dans des schémas plus vastes de nos sociétés ?

Face à l’ampleur des facteurs en présence, ne sommes-nous pas conduits à prendre du recul en faisant appel à l’Histoire et à l’Ethnologie ? La convocation de différentes disciplines telle que l’archéologie historique, l’histoire des mœurs et l’ethnologie est nécessaire pour comprendre les phénomènes de déviance sociale, mieux les situer et en prévoir l’impact...

La victime, sa place dans le droit français – 3

Dans le droit français, la victime a le droit de se faire représente – r assistée par un avocat. C’est en 1808 que le code d’instruction criminelle prévoit que la victime pouvait intervenir au cours d’un procès en se constituant « partie civile ». (Serge Portelli ,2007)

Pourtant cette possibilité subira de nombreuses entraves jusqu’en 2002,  date à laquelle le vote de la loi d’orientation et de programmation pour la justice facilitera l’accès à l’aide juridictionnelle pour la victime.

Les juristes notent cependant que la victime n’est toujours pas à égalité des prévenus dans la plupart des procès. Nul n’est censé ignorer la loi mais les arcanes de la justice demeurent encore bien mystérieux au profane qui doit souvent lutter dans un labyrinthe semé d’embûches au sein duquel les initiés usent d’un vocabulaire hermétique.

Le droit français demeure encore difficile d’accès et dans le domaine des violences sexuelles cet hermétisme favorise des interprétations qui bénéficient souvent au prédateur. La victime, ignorant le droit doit suivre... Seconde immolation !

Les normes internationales, initiées par la résolution 40/34 des Nations Unies du 11 décembre 1985 énoncent les principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes. On note, entre autre :

  • Le droit d’accès aux instances judicaires ;
  • L’assistance de la victime ;
  • Le droit à une information complète et circonstanciée sur tous les moments et contenus de leur affaire ;
  • Le droit à réparation, si ce n’est par le délinquant, à défaut, par l’État ;
  • Le droit à la protection, notamment en les « préservant des manœuvres d’intimidation et des représailles » ;
  • Le droit à une assistance judiciaire, matérielle, psychologique...
  • Le droit à être confrontée à des services suffisamment formés et instruits. Il est précisé que cette formation concerne les « services de police, de justice et de santé ainsi que celui des services sociaux ». (Serge Portelli, Op. c.)

La perversion, courte définition – 4

Le terme dans son acception commune, traduit le latin perversus : retourné, détourné, dévoyé... par rapport à un but.

Je n’utiliserai pas d’autre définition pour ce terme et, la plupart du temps, dans le contexte cette définition suffit.

Par contre s’il s’agit de nommer des comportements individuels la définition adoptée par la communauté psychiatrique conviendra même si cette terminologie ne recouvre pas l’ensemble de ces comportements, ils sont plus variés et d’une plasticité plus grande que ne le décrivent les textes. Enfin, sur le terrain nous devons faire face à des procédures ‘biaisées’ dont les acteurs ne sont pas forcément pervers. Quant aux individus, le plus souvent les prédateurs signalés, eux le sont et ce ne sont pas des novices en matière de séduction et de manipulation.