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Fonction de la parenté dans la violence faite à l’enfant

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 02/08/2023


Par Illel Kieser El Baz,

Première publication, Toulouse, France — 2007


 

Avertissement

Ce texte fut écrit vers la fin des années 90, publié plus tard sur PsychoRessources. Le registre conceptuel et sémantique est lié à celui de la psychologie des profondeurs — C. G. Jung.
Depuis la lecture des travaux d’Antonio Damasio et de Francisco Varela ont élargi mon approche des phénomènes liés à la transmission parentale et à leur dévoiement, dans les maltraitances sexuelles notamment. Quant on lit Damasio on est étonné par sa représentation de l’organisme humain qui, avec d’autres mots, d’autres concepts, se plaque totalement sur celle de C. G. Jung. Un exemple frappant : Damasio parle d’Inconscient génomique auquel il donne une définition proche de celle que C. Jung donne à l’Inconscient collectif.

A. Damasio et son épouse ont beaucoup exploré l’univers de la création et de l’invention en lien avec les affects. Dans son exploration de la psyché, Jung a produit des outils d’exploration des facultés créatrices de l’être humain...

À l’instar de Jung, Damasio parle constamment des images produites par l’esprit humain...

En France, on a beaucoup reproché son approche plus philosophique et spirituelle que scientifique, or Damasio par ses travaux et les recherches de son équipe apporte une base incontestablement scientifique au discours de Jung.

Depuis les années 2000


 

L’enfant victime innocente subit et, dans le crime, il ne peut rien faire d’autre que guetter pour arracher à son enfer une maigre portion de quiétude dans laquelle, pas à pas il construira sa vie. Le rôle des parents, en plus de leurs devoirs matériels, nourriciers, est d’assurer à leur enfant la meilleure transition possible de l’état d’inconscience à celui de la conscience. Éveiller la conscience de l’enfant c’est autant lui transmettre un savoir qu’une morale. La finalité de cette transmission est de permettre à l’enfant de savoir puiser dans ses propres ressources quand sera venu le temps du grand sevrage, celui de l’élan définitif vers l’état adulte. À ce moment, les parents seront passés du statut de personnage de chair à celui de symbole. Le nouvel adulte pourra puiser dans son propre patrimoine psychique l’énergie dont il aura besoin pour accomplir les tâches qu’il se sera assigné en toute liberté de conscience.

Mais la question se pose de savoir ce qui se passe quand l’enfant subit de violents traumatismes durant son enfance, voire plus tôt, dans la petite enfance.

 

Complexe d'œdipe et Inconscient collectif

Selon C. G. Jung, la relation entre parents et enfants est placée sous le signe d’influences réciproques, le plus souvent d’Inconscient à Inconscient. L’échange se fait bien plus par contamination que par les transmissions manifestes par la parole et par les gestes. La notion de contamination psychique est familière de l’univers conceptuel de Jung.

Il observe en premier lieu que pour « le jeune homme, c’est le rapport qui l’unit à la mère qui exerce une influence déterminante ; pour la jeune fille, celui qui l’unit au père. En premier lieu, c’est le degré de fixation aux parents qui influence, favorise ou entrave inconsciemment le choix des époux » (1).

Il note également que « la mère influence l’Eros du fils, tandis que le père influence le Logos de la fille et ce, parfois, jusqu’à une intensité pathologique » (2). En introduisant la notion de double opposé au conscient — Animus, Anima — la représentation que nous pouvons avoir des liens Conscient/Inconscient devient plus dynamique (3). Cette représentation de l’esprit humain nous présente la conscience comme forcément associée, voire liée à d’autres instances.

Ce n'est pas tout !

Jung poursuit : « rien n’a plus d’influence psychique plus puissante sur l’entourage de l’homme, et surtout sur les enfants, que la vie que les parents n’ont pas vécue » car « l’enfant est à tel point inséré dans l’atmosphère psychologique de ses parents sur leurs difficultés psychiques non résolues qu’ils peuvent exercer sur sa santé une influence considérable » (4).

Parlant de ce bain d’impressions et d’émotions dans lequel baigne l’enfant, Jung affirme que « les premières impressions de l’enfant accompagnent l’homme tout au long de son existence et que certaines influences éducatrices ont le pouvoir de la maintenir, tout au long de sa vie, dans certaines limites. On ne saurait donc s’étonner de voir surgir des conflits entre la véritable personnalité de l’enfant et celle qui a été formée par l’éducation ou l’influence du milieu. Ce conflit est le lot de tous ceux qui sont appelés à une vie indépendante et productrice » (5).

Loin de confiner l’individu dans ce réseau d’influence, Jung assigne une fonction précise à la thérapie : « la thérapie ne commence qu’à partir du moment où le patient se rend compte que ce ne sont pas son père et sa mère qui lui barrent la route, mais que c’est lui-même, c’est-à-dire une partie inconsciente de sa personnalité, qui prolonge et perpétue le rôle du père et de la mère » (6).

Ses travaux de psychiatre l’ont aussi amené à considérer qu’il existait une composante de la personnalité qui allait bien plus loin dans l’histoire que l’Inconscient personnel. « L’image personnelle est dotée d’une énergie extraordinaire ; elle influe sur la vie spirituelle de l’enfant à ce point qu’on est obligé de se demander s’il est permis d’attribuer à un être humain ordinaire une telle puissance magique. Il est notoire cependant qu’il la possède. Mais alors la question se pose aussitôt de savoir si cette puissance est véritablement son bien propre » (7).

Ces considérations le conduisirent très vite à concevoir l’existence de deux images forces qui seraient au-delà du père et de la mère biologiques. Il les a nommés archétype paternel et archétype maternel.