Colloque REPPEA du 10/04/2015,
De la perversion des mœurs et des lois à l'instrumentalisation
de l'enfant victime, phénomène de société ?
Illel Kieser ‘l Baz, psychologue clinicien, anthropologue
À y regarder de près, rien ne semble rapprocher des événements aussi distincts que « Le procès de l'amiante » et « le procès d'Outreau ». Pourtant, à distance, nous retrouvons des acteurs semblables, les victimes, les responsables, les experts, les enquêteurs, les juges et d'invisibles groupes de pression, entremêlés dans une dynamique analogue : les véritables victimes subissent l’escamotage de leur souffrance cependant que les responsables présumés parviennent à inverser l'évidence à leur profit jusqu'au scandaleux déni de leur responsabilité. À ce jeu, la désinformation, amplifiée par les médias aboutit au déni de justice. Et cela se commente, s’argumente jusqu’à rendre normale l’inversion du juste, les victimes devenant des boucs émissaires vite oubliés ou bien les sujets sacrifiés à une cause supérieure. Arbitre, une justice qui semble paralysée, comme incapable d’équité sans le recours d’experts érigés en maîtres du jeu.
Dans le domaine des maltraitances sexuelles des enfants, l’instrumentalisation de la victime aura des conséquences terribles sur ses capacités à restaurer son intégrité et son identité. À quelle fin maintenir ainsi la victime sous emprise ? En apparence, entretenir une déviance qui profite exclusivement au responsable, ici le prédateur, avec la caution d'une justice qui semble oublier les fondements du droit. Est-ce bien tout ?
Quelques faits divers –1
Commençons par quelques faits divers glanés au fil des lectures de nouvelles quotidiennes.
– Oye-Plage : il écope d’un sursis pour inceste sur son fils de 13 ans - <http://is.gd/u5qG8y> – 23/02/2015.
– Jugé pour le viol de sa petite-cousine, le 16 février 2007, à Saint-Martin-Lalande, un homme de 41 ans a été condamné à cinq ans de prison totalement assortis du sursis.
– Un policier des Sables-d'Olonne, âgé de 51 ans, jugé le 19 janvier 2015 pour «viol» et «agressions sexuelles» sur sa fille, a été condamné par le tribunal correctionnel de Nantes à trois ans de prison, dont un ferme, selon l'hebdomadaire Le Journal des Sables. Les faits remontent au début des années 2000 et la jeune fille avait à l'époque entre 10 et 12 ans.
Notons en passant que certains journalistes ne font pas la distinction entre le tribunal d’assises et le tribunal correctionnel. Un viol est passible des Assises, or de nombreuses affaires de viol avéré sont correctionnalisées sur recommandation du Parquet. Ignorant en cela les conséquences que cela peut avoir sur la victime.
Rappelons également que la peine réelle encourue pour viol est de 15 ans, cette peine est alourdie pour faits sur mineur. Elle est plus légère au correctionnel, souvent assorti de sursis.
– Pas-de-Calais : 3 mois de sursis pour un père qui violait son fils de 13 ans.
– Lors d’un procès pour assassinat et viol le président de la cour d’assises surprend tout le monde en posant des questions qui choqueront l’assistance. La victime, Virginie était plutôt petite, brune aux cheveux courts. Elle se trouvait un peu classique parce qu’elle aimait la peinture et les chats. Elle a été violée et tuée à 26 ans. La possibilité d’une « aguicheuse », du genre dont la société pense « qu’elle l’aurait bien mérité », est réfutée par l’agresseur lui-même. Mais pour le président, le débat ne semble pas clos pour autant, il veut à tout prix savoir comment se comportait Virginie avec les hommes.
Il demande : « Virginie était-elle une fille facile ? »
Il poursuit alors: « On a vu des photos sur lesquelles elle ne portait pas de jupe, mais était-ce toujours le cas ? »
Interpellé par les avocats, le président insiste et justifie ces questions :
« Si je ne pose pas de questions à ce sujet, je suis harcelé par les jurés, ils veulent savoir, cette discussion est très présente pendant le temps du délibéré. » Publié le 25/03/2015, Laure Heinich-Luijer
http://blogs.rue89.nouvelobs.com/derriere-le-barreau/2015/03/25/le-president-de-la-cour-dassises-virginie-etait-elle-une-fille-facile-234389
Surprenantes au cours d’un procès, ces questions sont néanmoins régulièrement posées par les enquêteurs aux victimes de viol, même à des mineures. Ce président s’appuie sur les éventuelles interrogations des jurés pour justifier ses interventions. Mais faisant cela, il révèle, du même coup, que dans le secret des délibérations on pourrait juger avec plus de clémence un prédateur pour peu que sa victime l’ait « provoqué » par une attitude ou un comportement indécent. Une sorte de légitimité accordée au viol !
Il dévoile également sa passivité face à des suspicions illégitimes, son devoir étant, au contraire d’informer les jurés sur l’état du droit en la matière. Cette passivité a un sens qui dépasse ce juge.
– En décembre 2015 un jugement rendu par la Cour d’Assises du Loir-et-Cher a soulevé des remous. Le 10 septembre 2012, Jacqueline Sauvage, 66 ans, a tué son mari de trois coups de fusils dans le dos, à leur domicile près de Montargis, dans le Loiret. L'homme lui faisait vivre l'enfer depuis 47 ans : coups, abus sexuels, sur elle mais aussi sur les filles du couple – des faits jamais dénoncés jusqu'au procès. La veille du meurtre, le fils, battu par son père, s'était suicidé par pendaison.
En première instance, la mère de famille avait été condamnée le 28 octobre 2014 par la Cour d'Assises du Loiret à dix ans de réclusion pour le meurtre de son mari. Une peine confirmée en appel le 3 décembre 2015 par la cour d'assises de Loir-et-Cher.
A contrario cela rappelle le jugement rendu contre Bertrand Cantat qui avait sauvagement battu à mort Marie Trintignant en 2003. Il avait été condamné à 8 ans d’emprisonnement.
N’oublions pas enfin les scandaleux dysfonctionnements dont nous sommes témoins chaque jour lors de signalements de maltraitances sur enfant, durant le processus d’instruction voire des vices de procédures durant les procès...
Les questions – 2
On découvre au fil de nos interventions de cliniciens ou comme accompagnateurs de victimes, que la loi implicite dominant/dominée est toujours d’usage dès qu’il s’agit « d’atteintes sexuelles » que ce soit au sein de la famille ou dans la société civile – viol, agressions des femmes, etc. Ici, la suprématie du sujet mâle se révèle dans toute sa barbarie parfois. Au sein de la famille c’est la propriété du père et son pouvoir sur tous les autres membres qui apparaît, comme au temps des Romains sous l’égide de la patria potestas.
L'institution de la patria potestas s’appuyait, dans le droit romain, sur la nécessaire préservation des liens familiaux. Il permettait la survie de l'ensemble du groupe qui demeurait ainsi sous le contrôle et l'autorité d'un seul élément, le patriarche. Ainsi le groupe ou clan évitait une fragmentation excessive.
Cet aspect androcentrique, combiné à une forte hiérarchisation des relations familiales où la femme et l’enfant occupent une place dévolue à la perpétuation de l’espèce a longtemps été attribué aux anciennes civilisations méditerranéennes. Dans les faits, on en constate les traits plus ou moins marqués jusqu’à l’aube de l’ère industrielle. Et, s’agissant de la sphère privée du cercle familial, nous sommes amenés à en constater la survie quand il est question de maltraitance et de violences sexuelles intrafamiliales.
Comment la loi est-elle si facilement pervertie, les victimes instrumentalisées, humiliées, frappées dans leur dignité ?
Que des acteurs institutionnels chargés de faire respecter la loi dans toute sa rigueur et son équité se transforment, plus ou moins à leur insu, en factotum de la violence familiale serait-il révélateur d’une déviance à décrypter ?
Cette déviance serait-elle réservée au territoire privé de la famille ?
Peut-on envisager qu’elle trouve ses sources et ses modèles dans des schémas plus vastes de nos sociétés ?
Face à l’ampleur des facteurs en présence, ne sommes-nous pas conduits à prendre du recul en faisant appel à l’Histoire et à l’Ethnologie ? La convocation de différentes disciplines telle que l’archéologie historique, l’histoire des mœurs et l’ethnologie est nécessaire pour comprendre les phénomènes de déviance sociale, mieux les situer et en prévoir l’impact...
La victime, sa place dans le droit français – 3
Dans le droit français, la victime a le droit de se faire représente – r assistée par un avocat. C’est en 1808 que le code d’instruction criminelle prévoit que la victime pouvait intervenir au cours d’un procès en se constituant « partie civile ». (Serge Portelli ,2007)
Pourtant cette possibilité subira de nombreuses entraves jusqu’en 2002, date à laquelle le vote de la loi d’orientation et de programmation pour la justice facilitera l’accès à l’aide juridictionnelle pour la victime.
Les juristes notent cependant que la victime n’est toujours pas à égalité des prévenus dans la plupart des procès. Nul n’est censé ignorer la loi mais les arcanes de la justice demeurent encore bien mystérieux au profane qui doit souvent lutter dans un labyrinthe semé d’embûches au sein duquel les initiés usent d’un vocabulaire hermétique.
Le droit français demeure encore difficile d’accès et dans le domaine des violences sexuelles cet hermétisme favorise des interprétations qui bénéficient souvent au prédateur. La victime, ignorant le droit doit suivre... Seconde immolation !
Les normes internationales, initiées par la résolution 40/34 des Nations Unies du 11 décembre 1985 énoncent les principes fondamentaux de justice relatifs aux victimes. On note, entre autre :
- Le droit d’accès aux instances judicaires ;
- L’assistance de la victime ;
- Le droit à une information complète et circonstanciée sur tous les moments et contenus de leur affaire ;
- Le droit à réparation, si ce n’est par le délinquant, à défaut, par l’État ;
- Le droit à la protection, notamment en les « préservant des manœuvres d’intimidation et des représailles » ;
- Le droit à une assistance judiciaire, matérielle, psychologique...
- Le droit à être confrontée à des services suffisamment formés et instruits. Il est précisé que cette formation concerne les « services de police, de justice et de santé ainsi que celui des services sociaux ». (Serge Portelli, Op. c.)
La perversion, courte définition – 4
Le terme dans son acception commune, traduit le latin perversus : retourné, détourné, dévoyé... par rapport à un but.
Je n’utiliserai pas d’autre définition pour ce terme et, la plupart du temps, dans le contexte cette définition suffit.
Par contre s’il s’agit de nommer des comportements individuels la définition adoptée par la communauté psychiatrique conviendra même si cette terminologie ne recouvre pas l’ensemble de ces comportements, ils sont plus variés et d’une plasticité plus grande que ne le décrivent les textes. Enfin, sur le terrain nous devons faire face à des procédures ‘biaisées’ dont les acteurs ne sont pas forcément pervers. Quant aux individus, le plus souvent les prédateurs signalés, eux le sont et ce ne sont pas des novices en matière de séduction et de manipulation.
Peut on dire d’une société qu’elle est perverse ? – 5
Une société se constitue et se structure autour d’une représentation du monde – ou cosmogonie – librement acceptée par ses membres et transmise de génération en génération. Quelle soit religieuse ou scientifique cette vision englobe l’univers et elle est censée donner à l’ensemble du monde sensible une explication et une cohérence.
Elle est constitutive d’un ordre – cosmos – autour duquel s’érige une structure qui dépend de cette ordre. Ainsi naissent des codes moraux et des règles de vie.
Elle définit un territoire et une histoire, ainsi chaque membre trouve le moyen d’un épanouissement individuel ou collectif à l’abri de tout ce qui pourrait paraître étrange, différent...
L’histoire façonne et permet à cette représentation de se transformer peu à peu au gré des mutations sociales, politiques ou naturelles.
Qu’importe qu’une ethnie se contente d’un petit territoire, ou qu’elle cherche à l’étendre comme celle des Indo-européens dont nos peuples sont issus, ces éléments fondamentaux agissent au sein de l’espèce sapiens.
La constitution d’un temps historique– quelqu’en soit la valeur et les modalités de transmission – repose sur le besoin vital de chaque société d’assurer sa propre continuité. Or cette continuité repose sur la perpétuation de l’espèce, d’où l’importance de codes chargés de protéger l’enfant et celle qui lui donne vie.
Au sein de l’espèce, ce sont les éléments du groupe les plus faibles – tout au moins durant la grossesse et les premiers temps de la vie pour la mère – qui portent les germes de l’avenir du groupe. C’est en cela que dans certains groupe ethniques, on les fait « taboo », sacrés en quelque sorte, bénéficiant donc d’un statut supérieur à celui des autres membres du groupe.
Les fondements du droit
Déjà bien avant les temps historiques, les plus anciens codes juridiques, dont le Code d’Ur-Namu, prévoyaient la défense des faibles contre la violence des plus forts. Il s’agit là de l’inscription anthropique d’un instinct fondamental que l’on repère même parmi les espèces animales supérieures – mammifères notamment.
Le droit évolue avec la société, sous la pression de l’environnement et des aléas historiques. Son évolution est plus lente que celle des grands mouvements d’une société mais elle existe. Or nous avons noté que, dernièrement, notre parlement avait voté une loi pour protéger les acteurs de signalement de maltraitance. Singulière intention cachée derrière cette loi. En effet, la loi fait obligation aux professionnels de santé de signaler ces maltraitances. Voter cette loi c’est de la part de nos élus reconnaître que l’Institution a été incapable jusqu’à présent de protéger ceux qu’elle contraignait déjà. Aveux d’impuissance et paroles rapidement oubliées devant les réalités du terrain.
Un autre principe fondamental de nos sociétés – 6
Ce qui suit n’est pas hors sujet, contre toute apparence...
En 1992 les chefs d'État des douze pays membres de la Communauté économique européenne signèrent le texte du traité sur l'Union européenne. La France en faisait bien évidemment partie.
Proposé par référendum le 20 septembre de la même année au peuple français pour ratification il fut rejeté, les clivages politiques traditionnels traversés.
Malgré cela, après de nombreuses péripéties politiques et une formidable campagne de désinformation la France finit par ratifier ce traité qui a désormais valeur constitutionnelle. Sous le nom de traité de Maastricht il définit comme universels et fondamentaux les dogmes de la « culture d’économie libérale ». Le phénomène dit de mondialisation des marchés impose donc une représentation du monde universelle. En termes anthropologiques il s’agit ni plus ni moins que d’instaurer une mythologie fondatrice de nouveaux comportements, à charge pour chaque état de faire respecter cette représentation par son peuple. Cela revient à imposer une conversion et si ce terme à connotation religieuse paraît inapproprié il convient de revenir aux sources historiques de naissance des religions.
L’économie libérale et son corrélat, la dérégulation des marchés s’imposent donc en Europe à tous les états signataires comme représentation du monde, comme ordre – cosmos – et comme morale – la manière dont nous devons commercer entre nous, ce qui revient à imposer une certaine façon d’échanger.
Le principe de dérégulation, pierre angulaire du libéralisme économique consiste à lever tout contrôle d’un secteur voire de l’économie en général. De même sont levés les mécanismes de contrôle des prix. Cela induit donc la disparition des contrôles exercés par l’État sur les entreprises publiques qui sont privatisées. De même les réglementations économiques doivent-elles disparaître ou être assouplies. (Les contraintes imposées à la Grèce en sont une parfaite illustration)
Cette liberté accordée au sein de l’économie dite de marché s’appuie sur l’idée qu’en favorisant la libre concurrence – autre dogme du libéralisme économique – les marchés finissent par s’auto réguler selon une dynamique naturelle. Notons en passant l’évocation de la nature intervenant pour harmoniser, en quelque sorte, des échanges fondés sur la libre concurrence, donc sur la loi du plus fort. La nature serait donc fondée elle-même sur le principe de la domination du plus fort. Plus encore, la fluidité de la concurrence faciliterait l’innovation. Grande institution tutélaire, la Banque Mondiale fut créée pour surveiller la bonne application de ces dogmes à l’échelle mondiale.
On voit, mêlés au sein de ces théories de l’échange, des règles et des principes qui dévoilent une représentation du monde sensée être universelle. Ce qui nous rapproche des principes sacrés au cœur de toutes les religions.
Nous avons vu plus haut qu’une société se construit sur une représentation du monde essentielle à la construction des identités personnelles et celles-ci sont liées au rôle régulateur de certaines règles chargées d’assurer ordre, continuité et sérénité aux membres du groupe. Dans ce que nous nommons démocratie, depuis l’antiquité l’État est chargé de veiller à l’application de ces règles, en toute équité et pour éviter que les plus forts écrasent les plus faibles.
Les défenseurs de la dérégulation s’appuient sur l’argument selon lequel les marchés pourraient s’autoréguler naturellement. On se demande à quoi ce principe naturel censé tendre vers l’harmonie et l’innovation pourrait bien renvoyer. En effet, si les codes juridiques ont très tôt fait leur apparition dans l’espèce humaine – le plus ancien daterait de 4000 A.C. – c’est bien parce que la tendance naturelle des individus de l’espèce humaine est d’imposer la loi du plus fort... Et il fallut l’autorité de quelques individus investis d’une mission supérieure – donc consentie par les membres du clan – pour imposer des règles, des lois et des codes.
Résumons – 7
D’un côté, une société – la nôtre – qui a érigé en principe constitutionnel une loi dite des marchés (Maastricht) qui, avec les meilleures intentions du monde, au lieu de favoriser la libre entreprise et la créativité, produit des effets toxiques qui commencent à peser lourd dans le budget des nations – burn out, suicides professionnels, management de type sadique, etc.
De l’autre, à notre humble niveau, des dysrégulations fâcheuses, scandaleuses qui mettent en danger la vie de nombreux enfants face à la toute puissance de mâles certains de leur pouvoir. (Patrizia Romito, 2006) Ceux-ci sont souvent aidés par la complicité surprenante des acteurs chargés de préserver l’ordre – cosmos – des lieux. Sans parler, bien entendu de l’étendue des dégâts provoqués par les atteintes sexuelles aux femmes adultes.
Deux aspects qui convergent, montrant la prééminence de la loi du plus fort érigée quasiment en principe. Loi qui profite, la plupart du temps au mâle. (Dorothée Dussy, 2013) Comme très souvent l’Histoire l’a montré, il n’y a pas de lien de causalité d’un phénomène à l’autre. Ils sont inscrits de manière synchronique dans une dynamique dont on sait seulement qu’elle participe d’une mutation globale de la désormais ancienne société qui nous a vu naître.
Conclusion – 8
J’ai essayé de montrer plus haut et rapidement certes, que les phénomènes de déviance auxquels nous faisons face dans notre expérience quotidienne relèvent autant de la dynamique spécifique et restreinte – histoire d’une famille – que de phénomènes bien plus importants qui découlent d’une mutation de nos sociétés.
Nous avons été formés, nous avions l’habitude de traiter ces aspects spécifiques des pathologies de la famille selon des modalités qui convenaient au sein d’une société stable ou, dirait-on, tout était à sa place. Or, souvent impuissants, parfois même mis en cause, nous sommes témoins d’une dérive de l’un des piliers de nos société, la Justice vacille. Ébranlée, elle entraîne avec elle l’être qui serait censé assurer la permanence, l’inventivité et la voie du futur à la société, l’enfant.
Je termine en citant Patrizia Romito : « Si nous voulons être optimistes, et cela est bien nécessaire pour continuer à agir, c’est de raison et non pas d’illusion qu’a besoin cet optimisme. La raison nous dit que la prise de conscience des droits des femmes et des enfants s’opère désormais au niveau planétaire ; la raison nous dit qu’à partir de cette conscience, qui appartient maintenant à tant de femmes et à bien des hommes, on ne peut plus revenir en arrière. Mais la route est longue, la fatigue s’accumule et il arrive que notre espoir chancelle. » (Op. cit., p.258)
J’ajoute enfin que si nous avons grandement besoin d’espoir et de détermination, il nous faudra accepter de faire éclater les anciens cadres de formation et d’action qui nous été transmis. L’éradication de la violence perverse à l’encontre des enfants et des femmes est un projet de longue haleine, qui touche à une dynamique de société qui agit à bas bruit et qui s’avère redoutablement toxique. C’est pourquoi ce projet nécessite des ressources importantes et à long terme. (Pickup, 2001, cité également par Patrizia Romito)
Quelques lectures recommandées :
La science asservie, Annie Thébaud-Mony, Éd. Odile Jacob ;
La sociologue Annie Thébaud-Mony -Directrice de recherches à l’INSERM - analyse comment un très grand nombre de scientifiques ont été amenés à s’inscrire dans le processus de confiscation de la science au service des intérêts privés de grands groupes industriels, avec la complicité active de l’État. Même éloigné de notre sujet, l’ouvrage est intéressant par comparaison. On pourrait paraphraser et résumer notre propos par : « La justice asservie ».
Outreau, la vérité abusée, Marie-Christine Gryson-Dejehansart, Hugo&Co éd., comment par une formidable perversion de la réalité, amplifiée par des journalistes complices, est né un phénomène de foule avec sa conclusion inéluctable, aveuglement et lynchage médiatique, les véritables victimes mues en objets de suspicion.
L'ordre le droit et la victime, Illel Kieser 'l Baz, sa souffrance confisquée, la victime serait assimilée à une sorcière, Hommes et faits,
La fabrique de l’homme pervers de Dominique Barbier, Odile Jacob 2013. (Vision psychanalytique de la déliquescence de la famille, absence du père, suprématie de la mère, etc.)
Voir résumé : <http://blog.psychotherapie-integrative.com/vers-une-societe-de-la-perversion/>
Perversion et pouvoir, < http://mecaniqueuniverselle.net/perversion/politique-perversion.php> Évocation des sociétés animales sollicitant les instincts animaux... référence implicite aux bas instincts. La perversion vue ici comme un retour à la nature primordiale considérée comme lieu de barbarie.
"La perversion à travers les âges", Dossier de Sciences humaines, <http://www.scienceshumaines.com/la-perversion-a-travers-les-ages_fr_28744.html>
Bibliographie et documentation
– Audet J., Katz J.-F., Précis de victimologie générale, 2006, Dunod, Paris.
– Diamond Jared, Effondrement, Folio essais, Gallimard 2006.
– Dussy Dorothée, Le berceau des dominations, Anthropologie de l’inceste, Livre 1, 2013, Éditions La Discussion, Marseille.
– Gimbutas Marija, Le langage de la Déesse, 2005, Des femmes, Antoinette Fouque.
– Kieser l Baz Illel, Inceste, pédocriminalité, crimes contre l’humanité, Lierre & Coudrier éditeur, Toulouse 2007.
– Lopez G., Portelli S., Clément S., Les droits des victimes, droit, audition, expertise, clinique, Dalloz, 2007.
– Pickup F. Ending violence against women. A challenge for development and humanitarian work, Oxfam Pub., Oxford 2001.
– Romito Patrizia, Un silence de mortes, La violence masculine occultée, 2006, Éditions SEPS, Bologne.
– Roulan N., Anthropologie juridique, 1988, P. U. F., Paris.
– Wemmers J.-A., Introduction à la victimologie, 2003, Presses de l’Université de Montréal
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