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Les psychothérapies

Classement et définitions

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 03/08/2023


Dans un texte passé inaperçu, en 1965, André Leroi-Gourhan définit l’anthropologie comme science humaine en général, englobant toutes les autres sciences humaines dont la linguistique, la sociologie et l’ethnologie. Étrangement il n’évoque pas la psychologie.

« L’ethnologie est l’étude des personnes ethniques, c’est-à-dire ce qui fait qu’un groupe humain agit dans un espace et un temps comme un tout. » (André Leroi-Gourhan, 1965)

La psychologie orienterait son but sur l’étude de la personne humaine, il faut alors ajouter un déterminatif pour en spécifier les orientations diverses qui sont nées ses derniers siècles. La psychologie de la conscience étudie la relation de la conscience avec un tiers souvent imprécis, l’environnement, les états intérieurs déterminés par la physiologie. Au sein des différents courants de la psychologie, l’espèce humaine a longtemps été considérée comme l’aboutissement de la longue chaîne de l’évolution. Et la conscience vue comme l’attribut exclusif de l’espèce. Ce n’est que dans le courant des ces 50 dernières années que cette hypothèse a été mise en doute.

Jusqu’aux années 80, il existait trois grands courants de psychothérapie.

Si tous les courants de psychothérapie s’entendent pour affirmer que le processus thérapeutique doit restaurer les fonctions conscientes et leur permettre d’exister sans être altérées par l’impact excessif d’instances qui échappent au contrôle de la conscience – émotions, humeurs, angoisse, etc., tous ne s’entendent pas sur l’explication à donner à ces phénomènes.

Ainsi l’école psychodynamique suppose l’existence d’un tiers agissant en deçà de la conscience, parfois à son insu, parfois à son détriment. La psychanalyse a nommé cette instance inconscient mais, à travers son histoire, l’humanité lui a donné de multiples noms – le Ki, le Prana, l’Imagination agente, etc.

À des degrés divers cette interaction de la conscience avec des instances autres réinscrit la connaissance de la psyché humaine dans le courant biologique. (François Roustang, Influences, Minuit, 1991)

Ne doutons pas un instant que cela pose la question de l’origine de l’instinct mais c’est une autre histoire...

Ce classement a été fait sur la base de Les psychothérapies : approches plurielles, collectif coordonné par Alain Deneux, François-Xaviet Poudat, Thierry Servillat et Jean-Luv Vénisse, Masson éd., 2009.

A – Les thérapies dynamiques

Ce courant repose donc sur l’existence d’une dialectique opérant entre la Conscience et d’autres facteurs dynamiques.

On y trouvera, bien sûr, le courant psychanalytique fondé par S. Freud, pas seulement.

Nous ne devons pas oublier l’approche de C. G. Jung avec sa vision particulièrement dynamique de la psyché humaine et son approche des rêves, le courant de Winnicott, Mélanie Klein, l’approche rogérienne – Carl Rogers – ou reichienne – Wilhelm Reich. Cette dernière, loin de s’épuiser, a éclaté en de multiples courants qui intégreront progressivement des techniques et méthodes issues des découvertes d’autres cultures. Ainsi, depuis les années 70 cette branche spécifique n’a pas cessé d’enrichir la pratique clinique par des méthodes et des techniques en constant renouvellement.

La psychologie bio-dynamique de Gerda Boyesen, la psychologie de Pierre Janet, le psychodrame de P. Bour ont également apporté leur pierre à cet édifice.

Enfin l’ethnomédecine, sous l’égide de Georges Devereux intègre les pratiques des médecins et coutumes traditionnelles d’autres groupes ethniques. L’approche de l’ethnopsychanalyse qui vise l'amélioration de la prise en charge de patients migrants d'où qu'ils viennent peut être largement étendue à d’autres populations.

B – Approche Cognitivo comportementale

Ce courant prend naissance au XVIIIe s. et se fonde sur la volonté de dresser des modèles fiables des phénomènes psychiques. À partir de faits observables et contrôlés de manière expérimentale, les modèles iront en se complexifiant de plus en plus. Plusieurs voies furent explorées durant deux siècles mais c’est à l’aube du XXe s. que ce courant prendra son véritable essor. Du côté russe, les neurophysiologistes développeront une théorie générale des comportements humains.

En 1913, John Watson pose la psychologie comme la science des comportements humains, elle doit donc s’appuyer sur le raisonnement expérimental. Le béhaviorisme est né.

Dans les années 50 la psychologie cognitive s’affirme définitivement. Les psychologues et psychiatres construisent des stratégies thérapeutiques fondées sur l’observation de l’individu en interaction avec le milieu et vérifiées expérimentalement.

Les développements de la technologie et notamment les techniques d’imagerie médicales dotent ce courant de formidables dispositifs d’observation et de vérification.

Il est fort probable que le courant des thérapies dynamiques, une fois totalement débarrassé du dogmatisme encombrant de ses premiers temps, trouvera dans l’approche cognitive et neurophysiologique un appoint important.

C – Systémiques et stratégiques

Ce courant est, en première approche, très disparate et la présentation qui en est faite est sensiblement différente selon les auteurs. Comment associer l’hypnose, les thérapies familiales, les thérapies brèves, l’EMDR (eyes movement desensitization and reprocessing), les thérapies narratives, les thérapies provocatrices et les thérapies fondées sur des jeux ou des simulations (Jeux de rôles, psychodrame orienté action, etc.) ?

Elles reposent sur un fond commun, celui de la communication des êtres entre eux et de leur interaction au sein d’une histoire et d’un milieu. Autre facteur important, souvent oublié, la dimension historique ne se réserve pas seulement les zones du présent, elle propose également d’introduire un facteur d’anticipation voire de prévision. Les thérapies systémiques permettent à la personne de se représenter un futur possible, c’est ce qui va permettre à la pratique thérapeutique de dévoiler des nouveaux cadres de référence et d’élargir l’horizon de vie.

Ainsi l’hypnose eriksonnienne se rapproche bien plus de la transe des sociétés traditionnelles que de la présentation que l’on en fait souvent : sorte d’outil à remonter le temps et les souvenirs.

L’hypnose, telle que la concevait Milton Erikson, a pour objectif de faciliter un détournement de l’attention ordinaire vers des zones sensitives négligées ou ignorées. (Continuateurs en France : F. Roustang, M. B. Jacobsen)

Elle vise également à provoquer une dissociation élémentaire afin de laisser émerger spontanément des contenus psychiques que la conscience n’avait pas ou peu pris en compte.

L’association du thérapeute et de son patient est ici essentielle. Cette collaboration permet de faire émerger chez le patient d’autres formes d’alliance avec le réel que celles qu’il connaissait auparavant.