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Les émotions au regard des neurosciences

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 03/08/2023


Processus en boucle fermée. Le programme d’action n’est pas pertinent

  • Le rôle de l'hippocampe

L’hippocampe permet de traiter et de récupérer deux types de mémoire, la mémoire épisodique et la mémoire spatiale.
La mémoire épisodique est liée aux faits et aux événements, leur histoire et leur inscription dans le temps.

La mémoire spatiale implique des chemins ou des itinéraires. Dans les rêves, cette mémoire spatiale est représentée par des chemins ou des parcours labyrinthiques qui suggèrent au rêveur, à la rêveuse une forme de d'oubli des repères acquis durant l'évolution personnelle. L’hippocampe est égalementchargé de transformer les souvenirs à court terme  en souvenirs à long terme, d'où sont implication dans les apprentissages et la mémorisation des procédures d'actions et de repérages spatiaux. Ces derniers sont ensuite stockés ailleurs dans le cerveau. Les développements récents de la recherche ont montré que les neurones continuent de se développer – neurogenèse – tout au long de l’âge adulte. .
Les dommages à l’hippocampe provoquent une amnésie antérograde – troubles psychotraumatiques – et tout aussi souvent une amnésie rétrograde. La mémoire implicite est épargnée suite à des dommages à l’hippocampe. (La mémoire implicite ou les connaissances implicites, est une forme de mémoire où l'on ne retient pas l'expérience qui en est à l'origine. Le rappel se fait automatiquement, sans les efforts nécessaires à la mémoire explicite.

  • Le rôle de l'amygdale

Elle fait partie du système limbique et est impliquée dans la reconnaissance et l'évaluation de la valence émotionnelle des stimuli sensoriels, dans l'apprentissage associatif et dans les réponses comportementales et végétatives associées en particulier dans la peur et l'anxiété. L'amygdale fonctionnerait comme un système d'alerte et serait également impliquée dans la détection du plaisir.
L'amygdale est essentielle à notre capacité de ressentir et de percevoir chez les autres certaines émotions. C'est le cas de la peur et de toutes les modifications corporelles qu'elle entraîne. C'est aussi valable pour toute autre forme d'impact émotionnel. Si, à la suite de la mauvaise surprise consécutive au risque encouru sur un passage piéton alors qu'une voiture fonçait sur vous, vous sentez votre cœur palpiter, les mains moites, la respiration haletante, votre amygdale a été activée. Il se produit le même ensemble de réactions phsyiologiques quand vous êtes assailli.e par le souvenir en flashback d'un événement traumatique.

L'amygdale est à l'origine de nos réactions à des événements importants pour notre survie, ou qui semblent l'être dans un instant donné. Des événements qui nous avertissent d'un danger imminent qui sont donc des stimuli importants pour l'amygdale. L'amygdale gère également les influx sensitifs qui signalent la présence de nourriture, de partenaires sexuels, de rivaux, d'enfants en détresse. En fait parcequ'il participent de notre unité et de la permanence de cette dernière. (Toujous ce principe d'homéostasie qui est à la base des sytèmes vivants)
L'amygdale reçoit aussi de nombreuses connexions de l'hippocampe. Celui-ci étant impliqué dans le stockage et la remémoration de souvenirs explicites, ses connections à l'amygdale peuvent être à l'origine d'une émotion déclenchée par un souvenir particulier.
L'hippocampe est aussi spécialisé dans le traitement non pas d'un seul stimulus mais d'une collection de stimuli qui siutent le contexte d'une situation. C'est pourquoi,  liens étroits entre l'amygdale et l'hippocampe, que le contexte d'un événement traumatisant deveient source d'anxiété.

 

En cas de surcharge de signaux – situation de détresse – (l’intensité de la stimulation est très forte ou s’étale dans la durée), le thalamus est débordé, et ne parvient plus à les traduire et les transmettre. Le thalamus bloque la transmission vers le cortex, empêchant l’émotion de devenir consciente. C’est ce qui se passe quand nous éprouvons ce seul sentiment : « je ne sens rien » ou que « je me sens coupé de mes émotions ». Pourtant, la charge énergétique de l’émotion est toujours présente et sera traitée de manière implicite/inconsciente afin de soulager la tension, toujours dans un but de rétablissement de l’équilibre des fonctions vitales.
C'est ce qui arrive aussi quand l'on est débordé par une tornade émotionnelle et que l'on se laisse emporté.e par une action qui s'avèrera désastreuse, non pertinente. Il importe alors de revenir à la situation – par la méditation, des outils cognitivo-comportementaux... – pour prendre une distance en regard du facteur déclencheur, l'Objet X, en tentant de contourner ces biais comportementaux ou réactionnels pour inventer une forme de contre-réaction plus souple qui peut alors se révéler plus pertinente que la première. Le recours à la conscience, dans ce cas, est nécessaire. Ele redevient un outil d'évaluation mesurée, ce qu'elle est sensée être en permanence.

Lors d'une action traumatique, les systèmes de mémoire implicite de l'amygdale et explicite de l'hippocampe emmagasinent différents aspects de l'événement. Plus tard, l'hippocampe permettra de renvoyer les éléments du contexte : lieu, lumière, odeurs, personnages, facteurs traumatiques, etc. L'activation de l'amygdale déclenchera alors des signes physiologiques : raidissement des muscles, augmentation du rythme cardiaque, respiration thoracique, transpiration, mains moites, etc.
Le même processus se répète lors des flasbacks ou quand la conscience est envahie par des réminiscences d'événements traumatiques anciens. D'où l'importance, pour alléger la charge de souffrances qui altèrent la conscience, de créer des « espaces » de substitution qui amènent à la conscience des souvenirs chargés d'émotions agréables. Il ne s'agit pas là d'une sorte de positivation à tout crin mais de créer un conditionnement positif dont l'organisme se servira dans des cisconstances similaires.

De l’expérience sensible à la conscience de l’émotion

Avant qu’une émotion n’apparaisse, l’organisme produit des proto-émotions qui sont des réactions aux multiples facteurs sensoriels que suscitent des objets/événements extérieurs. L’émotion, c’est-à-dire l’expérience consciente que nous avons des ces proto-émotions dépend du contexte historique, culturel et familial. La capacité que nous avons de dire « je ressens, telle ou telle émotion. » dépend en fait du système de croyances qui s’est forgé durant les différentes étapes de la vie.

Notre système de croyance se met en place très tôt, parfois même avant la naissance. Il n’a pas encore la forme de pensées claires du genre « personne ne m’aime » mais correspond plutôt à un « chemin » qui se trace parmi les neurones en train de se connecter entre eux au cours du développement de l’enfant. À force d’être emprunté par l’influx nerveux, le chemin devient « empreinte » ou « sillon » et, suivant l’environnement dans lequel nous grandissons et les informations qu’il nous fournit, nous lui donnerons un sens. Ainsi un bébé, avec des parents idéalement capables d’empathie, recevra : 

  • Un accueil et une reconnaissance favorable de ses « proto-émotions ;
  • Une réponse adéquate à ses besoins ;
  • Des ressources pour associer, reconnaître et exprimer ses émotions ;
  • La sécurité de base, la confiance et les mots pour nommer ce qu’il éprouve.

A partir de là, il développera : 

  • Sa résistance à la frustration (c'est-à-dire sa capacité à gérer, au niveau cérébral, une quantité plus importante de sensations désagréables ou fortes) ;
  • Sa capacité à canaliser et à contenir des sensations plus intenses, ou plus nombreuses ;
  • Une plus grande plasticité d’attitude ou de comportements, qui lui permet d’ajuster la réalité à ses besoins.

Cependant, peu d’adultes aujourd’hui ont eu la chance d’avoir des parents idéalement empathiques lorsqu’ils étaient bébés et dans ce cas, « l’ajustement créateur » qui permet de « boucler la Gestalt » – l'ensmble des comportements, attitudes et représentation du monde qui assure l'autonomie et l'unité de la personnes – et de retrouver un état d’équilibre ressemble plutôt à une « clôture cognitive », c'est-à-dire une boucle fermée qui protège de l’intensité des émotions (c’est sa première fonction) mais qui, plus tard, par enkystage, s’avèrera inutile voire inhibitrice de la capacité d’invention. Elle finira par enfermer le sujet dans un temps et sur un territoire immobiles. 
 

Nos sources

Le Cerveau à tous les niveaux