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Réseaux sociaux : catalyseurs des violences sexuelles et sexistes

Violences Sexuelles et Sexistes : Le Rôle Pervasif des Réseaux Sociaux

créé par Marie Carolle Marcelin - Dernière modification le 12/12/2024


Les violences sexuelles et sexistes constituent une réalité omniprésente et alarmante dans notre société. Alors que les réseaux sociaux ont révolutionné la communication et le partage d'informations, ils sont également devenus des plateformes où ces formes de violence se manifestent et se normalisent. Selon les Nations Unies, une femme sur trois subira des violences physiques et/ou sexuelles au cours de sa vie. Cet article explore comment les réseaux sociaux, au-delà de leurs aspects bénéfiques, amplifient et perpétuent les violences sexuelles et sexistes, et examine les initiatives et recommandations pour lutter contre ce phénomène.


Les violences en ligne peuvent prendre diverses formes : menaces de viol, injures sexistes, diffusion de propos ou d'images dégradantes, et harcèlement. Selon le rapport du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes (HCEfh), 73% des femmes ont été victimes d'agressions en ligne. Ces violences sont souvent impunies et ont des conséquences similaires à celles subies dans d'autres contextes, tels que le travail, le foyer ou l'espace public.

Un rapport de vie-publique.fr révèle que malgré les signalements, 92% des contenus sexistes restent en ligne, avec des taux de suppression alarmants : Facebook (11%), Twitter (13%) et YouTube (0%). Ces chiffres montrent la difficulté des plateformes à répondre efficacement aux abus signalés, laissant les victimes sans protection adéquate.

Le rapport Toxic Twitter d'Amnesty International critique l'insuffisance des actions entreprises par Twitter pour protéger les femmes des abus en ligne. Par conséquent, certaines femmes choisissent de réduire leur utilisation des réseaux sociaux pour éviter les agressions. Par exemple, Caroline De Haas, militante féministe française, a fréquemment dénoncé les agressions en ligne et le manque de réactivité des plateformes face à ses signalements. Les témoignages abondent sur les difficultés à faire retirer des contenus offensants et sur le manque de réactivité des plateformes.
Les Mécanismes de Facilitation par les Réseaux Sociaux
L'anonymat offert par les réseaux sociaux encourage les comportements abusifs, car il est souvent difficile d'identifier et de sanctionner les agresseurs. Cette impunité contribue à la prolifération des violences sexuelles et sexistes en ligne.Les algorithmes des réseaux sociaux favorisent souvent la propagation des contenus les plus choquants ou polarisants, augmentant ainsi la visibilité des propos violents pouvant conduire à une reproduction de violences dans la ve courante. Les contenus sensationnalistes attirent plus d'interactions, ce qui incite les algorithmes à les promouvoir davantage, exacerbant ainsi le problème.

Le manque de régulation effective est un problème majeur. Le HCEfh appelle à une législation stricte, similaire à celle de l'Allemagne, imposant des délais de 24 heures pour la suppression des contenus signalés, sous peine de lourdes amendes. Actuellement, les plateformes sont lentes à réagir et manquent de transparence dans leurs procédures de modération.


Les violences en ligne peuvent provoquer du stress, de l'anxiété, de la dépression, et une perte de confiance en soi. Les réseaux sociaux promeuvent souvent des idéaux de perfection inaccessibles, ce qui peut entraîner un sentiment d'infériorité chez les femmes. Par exemple, l'influenceuse française Léna Situations a parlé ouvertement des pressions qu'elle ressent en ligne et des impacts négatifs sur sa santé mentale.

L'isolement social et l'impact sur la carrière sont des conséquences fréquentes. Les blagues et moqueries en ligne envers les femmes indépendantes ou actives perpétuent des stéréotypes nuisibles. Ces attaques peuvent décourager les femmes de s'exprimer ou de participer activement sur les plateformes numériques, limitant ainsi leur visibilité et leur influence.Des figures publiques comme Camille Étienne, militante écologiste française, ont révélé la fausseté des représentations idéalisées sur les réseaux sociaux, soulignant la pression exercée sur les femmes pour atteindre des standards inatteignables. Cependant, ces voix sont rares, et les représentations trompeuses continuent de dominer les plateformes.


Certaines plateformes ont pris des mesures pour lutter contre les abus, mais ces efforts restent insuffisants. Le rapport du HCEfh propose 28 recommandations, dont une campagne nationale d'information et un soutien financier aux associations d'écoute et d'orientation des victimes. Les plateformes doivent améliorer leurs processus de modération et offrir un soutien plus efficace aux victimes

Des exemples de législation stricte, comme en Allemagne, montrent l'importance de délais courts pour la suppression des contenus signalés et des sanctions sévères pour non-conformité. Des lois similaires pourraient être adoptées dans d'autres pays pour renforcer la protection des utilisateurs et garantir une réponse rapide aux signalements de violences.

Le HCEfh propose également de former les policiers, gendarmes, magistrats et professionnels de santé pour une meilleure prise en charge des victimes. Une meilleure compréhension des dynamiques de violence en ligne et une sensibilisation accrue parmi les forces de l'ordre et les professionnels de santé peuvent améliorer la réponse aux cas signalés et offrir un soutien plus adéquat aux victimes.


Malgré les défis, les réseaux sociaux sont également utilisés pour sensibiliser et mobiliser contre la violence à l'égard des femmes. Des mouvements comme #MeToo ont montré le pouvoir des réseaux sociaux pour rassembler les voix des victimes et attirer l'attention sur les problèmes de violence sexuelle et sexiste.

Les campagnes internationales, telles que Orange le monde : Mettons fin à la violence contre les femmes maintenant, utilisent les réseaux sociaux pour diffuser des messages de sensibilisation et encourager l'engagement des utilisateurs. Ces campagnes montrent comment les plateformes numériques peuvent être détournées de leur rôle de catalyseurs de violence pour devenir des outils de changement positif.Les témoignages en ligne de victimes et de survivantes jouent un rôle crucial dans la sensibilisation et la mobilisation. Ils permettent de mettre en lumière les réalités des violences subies et de créer un sentiment de solidarité et de soutien parmi les victimes.

Les réseaux sociaux jouent un rôle ambigu dans la société moderne, étant à la fois des vecteurs de communication et des catalyseurs de violences sexuelles et sexistes. Pour contrer ce phénomène, une action concertée est nécessaire, impliquant des mesures législatives strictes, des efforts de régulation par les plateformes, et des campagnes de sensibilisation continues. Ensemble, il est possible de transformer ces espaces numériques en environnements plus sûrs et respectueux pour tous. La lutte contre les violences en ligne est un défi complexe qui nécessite une coopération internationale, des politiques efficaces, et une mobilisation de tous les acteurs concernés.

Sources et références 

Violence à l'égard des femmes : le rôle des réseaux sociaux dans sa normalisation et la diffusion de nouvelles formes de celle-ci - BBC News Afrique 

Internet, réseaux sociaux : 73 % de femmes victimes d'agression en ligne | vie-publique.fr

Rapport mondial sur les violences à l'égard des femmes

[https://www.unwomen.org/en/digital-library/publications/2021/11/ending-violence-against-women-and-girls-the-shadow-pandemic](https://www.unwomen.org/en/digital-library/publications/2021/11/ending-violence-against-women-and-girls-the-shadow-pandemic)

Rapport sur les contenus sexistes en ligne 

[https://www.vie-publique.fr/rapport/274708-rapport-sur-les-contenus-sexistes-en-ligne](https://www.vie-publique.fr/rapport/274708-rapport-sur-les-contenus-sexistes-en-ligne