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Quand les pères font la loi

créé par Manon Kaddour-Lantheaume - Dernière modification le 16/01/2024


Quand les pères font la loi

Ce podcast est animé par Charlotte Bienaimé et nous y retrouvons le témoignage de deux mamans qui ont subi des violences conjugales, inceste sur leur enfants et des violences institutionnelles.

Ces témoignages mettent en avant la domination masculine, patriarcale et plus précisément paternelle dans notre société. En effet, nous nous interrogeons beaucoup sur les inégalités de classes sociales, de genre ou d’ethnie, mais rarement sur les relations de domination entre les parents et les enfants. Un rapport d’autorité et de pouvoir est souvent utilisé sur les enfants. Cette dominance nous la retrouvons pourtant dans les inégalités de genre, mais elle est rarement remise en question.

Lorsque les mères protectrices essaient de protéger leurs enfants de cette violence parentale, qui découle de cette domination, les institutions ne les aide pas dans cette démarche mais, au contraire, elles mettent en danger les enfants en les privant de leurs mères, les plaçant chez leurs pères agresseurs ou encore emprisonnent les mères qui s'opposent à ce placement.

Contrairement à la classe, au genre ou la race, les relations entre adultes et enfants ne sont presque jamais pensées comme des rapports de pouvoir à part entière. Pourtant, le pouvoir des adultes sur les enfants prend des formes similaires à celles du patriarcat. C’est tout l’objet de cette série consacrée à la domination adulte. Elle s’ouvre par un premier épisode qui donne la parole à des mères protectrices : celles-ci racontent comment, après avoir dénoncé des incestes et/ou des violences perpétrés par leurs ex conjoints sur leurs enfants, elles se retrouvent accusées de manipuler ces derniers pour nuire au père. Certaines perdent la garde de leur enfant. D’autres se retrouvent en prison pour avoir refusé de remettre leurs enfants à celui qu’ils dénoncent comme étant un violeur.

Ces histoires sont très difficiles. Elles racontent les violences conjugales, l’inceste, mais aussi les violences institutionnelles que subissent les mères et les enfants. Elles parlent d’articulation entre misogynie et adultisme et de l’aveuglement de la justice. Elles sont parfois tellement kafkaïennes qu’elles semblent irréelles. Il nous faut pourtant les écouter, car elles sont loin d’être des cas isolés.


En son temps – 2006, Patrizia Romito mettait déjà en lumière la violence masculine dans ses multiples avatars et montrer la complicité de la société à son égard.
L'auteure met en évidence l’ampleur et la multiplicité des violences masculines. Selon elle, loin de représenter une conduite aberrante, la violence n’est que l’instrument rationnel utilisé pour maintenir la domination masculine quand les autres moyens se révèlent inadéquats ou inopérants.
Elle s’attache à décrire les tactiques et les stratégies d’occultation de la violence masculine. Une fine analyse est faite des mécanismes langagiers d’escamotage qui ont pour effet de faire disparaître les hommes de la violence. Ainsi l’utilisation largement répandue de termes tels que : conflits domestiques, différends conjugaux, violence familiale, famille maltraitante. Même les écrits provenant d’organisations internationales ou de gouvernements, censés lutter contre la violence et la prévenir, parlent de violence sur les femmes ou les petites filles, mais rarement ou jamais de violence masculine. Une des tactiques récurrentes et particulièrement néfastes d’occultation de la violence masculine est la culpabilisation des victimes. Il est bien connu, n’est-ce pas, que les femmes sont provocatrices, castratrices, masochistes ?
D'après GILLIOZ Lucienne, « Patrizia Romito : Un silence de mortes. La violence masculine occultée », Nouvelles Questions Féministes, 2009/1 (Vol. 28), p. 120-123. DOI : 10.3917/nqf.281.0120. URL :https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2009-1-page-120.htm