Bandeau logo de l'association Cavacs-France

Quand les mères se taisent

créé par Manon Kaddour-Lantheaume - Dernière modification le 28/03/2024


Qu’elle est la place des membres de la famille dans un foyer incestueux, sont-ils complices ?


L’inceste n’est pas une relation entre victime et auteur mais une triangulation entre la victime, son auteur et la mère témoin. Ce qu’il faut pour briser cette triangulation du silence c’est d’accueillir la parole de la mère, qu’elle se sente assez en sécurité pour pouvoir en parler.


Regardons d’un peu plus près cette dynamique familiale. Ces mères ont elles-mêmes vécu dans un climat familiale incestueux et elles vont venir répéter ce schéma en se mettant avec des hommes pervers qui reproduisent ces violences. Psychiquement elles ne peuvent pas protéger leur enfant car reconnaître que leur enfant est victime c’est reconnaître qu’elle-même sont victimes. Cela provoquerait en elles un effondrement et ne sont donc pas en capacité de protéger leurs enfants. En plus de l’effondrement que ça provoquerait en elles d’accepter le statut de victime ou de rescapées, elles sont sous l’emprise du père de l’enfant, cette emprise englobe toutes les formes de violences et nous appelons ça le contrôle coercitif, où il est extrêmement difficile d’en sortir.

Une arme, le silence :


Le silence est l’arme de l’auteur, il est imposé à l’enfant dans un contexte de séduction ou de terreur. Dans le cas de la séduction l’auteur prétend à la victime qu’il ou elle est son préféré.é, le complimente ou autre, laissant l’enfant dans un flou total et une incompréhension de ce qui est bien ou mal, ainsi, l’auteur garde une emprise sur l’enfant en le persuadant que c’est leur petit secret. Dans le cas de la terreur, l’auteur impose le silence à l’enfant sous la menace, lui faisant peur, lui faisant croire qu’il arrivera des choses terribles s' il parle, comme par exemple que leur mère finira en prison à cause d’eux et que donc ça doit rester un secret.


Dans la plupart des cas, l’enfant décide tout de même de parler en deux temps, la première fois quand il est tout petit et une seconde fois durant l’adolescence. L’enfant doit affronter plusieurs obstacles pour briser son silence, d’abord celle de l’agresseur, puis le silence de sa mère et enfin la société qui ne veut pas l’entendre ni le croire à cause d’un déni collectif autour du sujet de l’inceste. C’est en brisant cette dynamique du silence qu’on arrivera à protéger les enfants.


Les conséquences du silence d’un enfant est très grave, psychologiquement il y aura beaucoup de dégâts pour sa vie future en âge adulte. D’autant plus que la blessure psychique que gardera l’enfant sera encore plus grande et plus forte si la mère a tenu le silence.

Et après ?


Nous avons des mères qui osent parler, elles se nomment les mères protectrices. On les nomme comme ça car toutes leurs histoires sont similaires, elles ont cru et écouté leur enfant, elles ont voulu les protéger en demandant de l’aide à la société (ordre de force et justice), mais lorsqu’elles ont dénoncé les faits, ce sont elles qu’on est venu punir. Du côté des professionnels de santé, si elles témoignent elles aussi avoir subi des violences sexuelles par le passé on leur répondra « mais vous projetez », alors qu’ils devraient se dire qu’elles ont peut être reproduit un schéma en se mettant avec un homme violent.


Dans l’autre cas où les mères auraient garder sous silence l’inceste que subissait leur enfant, elles vont passer par un vrai deuil pour demander pardon à leur enfant. Malheureusement, ceci reste exceptionnel et la plupart du temps elles choisissent de rejeter l’enfant victime plutôt de reconnaître qu’elles ont failli dans leur fonction de parent.

Source : 

Inceste : quand les mères savent, mais ne disent rien - Podcast (20minutes.fr)