Dans une société où la maternité est souvent érigée en symbole d’épanouissement et considérée comme une étape incontournable dans la vie d’une femme, certaines ressentent pourtant une peur profonde, un rejet instinctif, voire une véritable aversion à l’idée de devenir mères. Ce phénomène, connu sous le nom de maternophobie, ne se résume pas à une simple réticence ou à un choix personnel, mais s’inscrit dans une dynamique psychologique complexe, influencée par des facteurs culturels, sociaux et individuels. Il soulève des interrogations essentielles sur la pression exercée autour de la maternité et sur la nécessité de reconnaître la diversité des trajectoires féminines, au-delà des normes établies.
La maternophobie ne se résume pas simplement à ne pas vouloir d’enfants. Elle peut être le symptôme d’une anxiété profonde, d’un stress post-traumatique ou encore d’un conflit identitaire non résolu. Plusieurs facteurs psychologiques entrent en jeu :
Les traumatismes passés : Une enfance marquée par la violence, l’abandon ou la négligence peut générer une peur inconsciente de reproduire ces schémas parentaux.
Les constats sociétaux : La prise de conscience de phénomènes tels que la pédocriminalité, l’inceste ou les placements abusifs peut exacerber une peur de l’éducation d’un enfant dans un environnement perçu comme hostileet de ne pas pouvoir anticiper et réparer ses traumatismes.
La dissociation et le rejet de soi : Certaines femmes ressentent une discordance entre leur perception de soi et l’image idéalisée de la maternité, ce qui peut conduire à un rejet du rôle maternel.
Les contraintes psychiques liées au changement : La grossesse et la maternité impliquent des modifications profondes du corps et de la psyché, pouvant être perçues comme une perte de contrôle et générer des réactions anxieuses.
L’impact psychologique de la maternophobie
D’un point de vue clinique, la maternophobie peut s’exprimer à travers divers troubles :
Anxiété généralisée :L’anticipation d’une grossesse ou de la parentalité peut provoquer un stress intense.
Trouble de stress post-traumatique (TSPT) : Certaines femmes ayant vécu des expériences traumatiques peuvent voir la maternité comme un déclencheur de souvenirs douloureux.
Troubles de l’attachement : La peur de ne pas savoir créer un lien affectif sain avec son enfant peut nourrir la maternophobie.
Dépression périnatale : Une aversion pour la maternité peut parfois masquer un état dépressif sous-jacent, lié à une détresse psychologique profonde.
Les mamans autistes et la maternité : Une perception spécifique
L’expérience de la maternité varie selon chaque femme, mais chez les femmes autistes, elle prend une dimension particulière en raison de leur fonctionnement neuro-atypique. L’étude menée par l’AFFA (Association Francophone de Femmes Autistes) met en lumière plusieurs aspects psychologiques spécifiques :
Hyperstimulation sensorielle : Les bruits, les contacts physiques répétés et le manque de sommeil peuvent être sources de détresse intense.
Rigidité cognitive et anxiété : La difficulté à gérer les imprévus et à adapter ses routines peut exacerber le stress lié à la maternité.
Sentiment de décalage social : Les attentes normatives en matière de maternité peuvent être vécues comme une pression insurmontable.
Témoignage de Laetitia : Mauvaise mère ?
Dans son article, Laetitia, une maman autiste, témoigne de son vécu et de la culpabilité liée à son incapacité à répondre aux normes attendues de la maternité. Elle évoque la souffrance psychologique engendrée par l’incompréhension de son entourage et son besoin de développer une parentalité adaptée à son mode de fonctionnement.
Vers une meilleure compréhension psychologique de la maternophobie
Il est essentiel d’aborder la maternophobie sous un prisme bienveillant et clinique, afin de proposer des solutions adaptées aux femmes concernées.
Déconstruire les injonctions sociétales : Il est fondamental de reconnaître que la maternité n’est pas une obligation et que certaines femmes, pour des raisons psychologiques profondes, peuvent ne pas y être prêtes ou ne pas en ressentir le désir.
Apporter un accompagnement thérapeutique : Une prise en charge psychologique (psychothérapie cognitive et comportementale, accompagnement post-traumatique, thérapies humanistes) peut aider à explorer les peurs sous-jacentes et à mieux les appréhender.
Sensibiliser aux spécificités des mamans autistes : Reconnaître et adapter l’accompagnement des femmes autistes pour qu’elles puissent vivre leur maternité en accord avec leur fonctionnement propre.
Plutôt que de minimiser ou de pathologiser la maternophobie, il est nécessaire d’en comprendre les mécanismes psychologiques afin de proposer un soutien adapté, permettant à chaque femme de faire des choix en toute conscience et en adéquation avec son bien-être émotionnel.
Sources:
L'expérience de la maternité chez les femmes autistes et non autistes (résumé d'une étude) - AFFA Association Francophone de femmes autistes
https://www.bing.com/search?q=la%20maternophobie%20et%20le%20mamans%20autistes&qs=n&form=QBRE&sp=-1&ghc=1&lq=0&pq=la%20maternophobie%20et%20le%20mamans%20autistes&sc=12-38&sk=&cvid=7BDD66B53FD547E8B98ABBB05E97DFDC&ghsh=0&ghacc=0&ghpl=
« Mauvaise mère ? » : article de Laetitia, maman autiste, sur sa perception de la maternité - AFFA Association Francophone de femmes autistes
https://www.bing.com/search?q=la%20maternophobie%20et%20le%20mamans%20autistes&qs=n&form=QBRE&sp=-1&ghc=1&lq=0&pq=la%20maternophobie%20et%20le%20mamans%20autistes&sc=12-38&sk=&cvid=7BDD66B53FD547E8B98ABBB05E97DFDC&ghsh=0&ghacc=0&ghpl=