Bandeau logo de l'association Cavacs-France

Les enfants placés, victime de notre société

créé par Manon Kaddour-Lantheaume - Dernière modification le 17/01/2024


La souffrance de nombreux enfants placés en foyer d'accueil

En France, 341 000 mineurs sont pris en charge par l'aide sociale à l'enfance. Ces mineurs sont accueillis dans des centres, des foyers ou des familles qui sont censés protéger les mineurs en situation de vulnérabilité, mais la réalité pour beaucoup d'entre eux est bien différente.

En 2019, suite à une investigation menée par le journal « Pièces à conviction » auprès de différentes structures, foyers ou familles accueillant des mineurs, la situation désagréable vécue par un grand nombre d'enfants a été révélée.

Maltraitance, abus et viol

Les journalistes, qui ont commencé à enquêter sur cette affaire à la suite d'une lettre ouverte intitulée « Les enfants sacrifiés de la République », ont recueilli les témoignages de certains éducateurs et ex-éducateurs qui font état d'une violence endémique  à l'égard des mineurs dans ces centres d'hébergement.

Des caméras cachées ont été installées pour montrer les mauvais traitements infligés aux enfants par les personnes qui en ont la charge.

Une éducatrice a fait remarquer que même des cas de viols ont été identifiés. Selon une éducatrice, une petite fille de 4 ans a été vue faisant une fellation à un garçon de 10 ans. « Oui, les enfants sont en danger »

Que fait le gouvernement pour les protéger ? 

Ces événements se sont produits en 2019, mais la situation s'est-elle améliorée depuis ? Le gouvernement a-t-il pris des mesures à la suite de la publication de cette enquête sur les centres, les foyers et les familles d'accueil ?

On peut parler de la loi du 7 février 2022 relative à la protection de l'enfance, qui vise à apporter une plus grande sécurité aux enfants pris en charge pendant leur séjour soit dans des foyers, soit dans des familles d'accueil.

Cette loi préconise le placement en famille d'accueil comme mesure de protection exceptionnelle. Le juge décidera qu'un enfant doit être placé lorsqu'il estime qu'il existe un risque élevé pour lui. Ces risques peuvent être liés à la santé physique, à la santé mentale ou psychologique, à la sécurité physique (violence, abus, etc.), à la sécurité matérielle (logement, etc.), à la sécurité morale et à l'éducation.

La mesure du placement en famille d'accueil est une question très controversée, car il a été observé que les enfants placés peuvent développer certains signes cliniques, auxquels il est important de prêter attention afin d'assurer le bon développement de l'enfant.
Les conséquences possibles pour les enfants placés peuvent être : un comportement violent, des troubles du sommeil, des difficultés d'apprentissage, des troubles de l'alimentation, une instabilité relationnelle et/ou l'isolement.

« La protection des mineurs »

L'objectif principal de la loi, comme mentionné ci-dessus, est la protection de l'enfant, mais on pourrait dire qu'il y a une multitude d'agents sociaux qui doivent veiller à sa mise en œuvre, ce qui n'est pas le cas.
Nous parlons des séquelles qu'un enfant peut subir lorsqu'il est placé dans un centre de protection, mais qu'en est-il des séquelles causées par la violence institutionnelle ? Que se passe-t-il dans les cas où les enfants souffrent dans ces centres ou ces familles d'accueil ?

Quand « la solution » n'arrive pas

D'autre part, il convient de faire une place aux enfants qui ne bénéficient pas de cette mesure dite de protection.
Selon le journal Mediapart, l'attente de cette aide n'a jamais eu lieu pour un bébé qui était en danger absolu, et qui est finalement décédé. Il faut également mentionner qu'en Loire-Atlantique, 100 enfants auraient dû être pris en charge, mais ne l'ont jamais été. On peut donc dire qu'il s'agit d'une « dégradation complète » du système de protection de l'enfance, où les mesures imposées pour protéger les mineurs ne sont pas mises en œuvre.

Il est donc clair qu'il y a des problèmes de délais d'attente trop longs, un manque de ressources de plus en plus évident et des enfants qui souffrent du manque de structures adaptées.

Zoom sur le commerce des agences d'intérim dans des structures accueillant des enfants placés 


Mediapart a mené une enquête sur une agence d’intérim, Domino Assist’m, pour employer des intérimaires afin de cadrer des enfants placés dans une nouvelle structure. Cela se passe dans le département du Calvados et a ouvert ses portes en 2021. La structure a fermé ses portes le 23 mars 2023.


Plusieurs problèmes a été constatés :


Concernant la structure où loger les enfants, elle a été qualifiée « d’insalubres » par une éducatrice.

Pour la prise en charge des enfants, aucun renseignements n’étaient transmis au préalable aux intérimaires. C’est-à-dire, que les professionnels ne connaissaient pas le vécu, la situation ou encore l’état de santé mentale des enfants. De  plus, au départ, il avait été dit que les enfants étaient « plutôt tranquilles », cependant, les professionnels se sont retrouvés face à des mineurs violents et ayant des troubles psychiatriques pour certains. Donc ils n’étaient pas préparés ni formés à encadrer ce public. « La présence éducative n’est pas suffisante pour garantir une prise en charge éducative attendue d’une maison d’enfants à caractère social ». D’autant plus que les conditions d’accueil étaient « indignes et incompatibles avec leur statut de mineurs faisant l’objet d’une mesure de protection de l’enfance », avec une liste d’attente d’une centaine d’enfants pour seulement une capacité d’accueil pour une quarantaine d’enfants.

Et pour finir, ils ont eu beaucoup de problèmes de gestion et financière, dû à la précipitation de l’ouverture de cet établissement.

Une ex intérimaire témoigne : « J’ai juste l’impression qu’on a mis ces gamins là pour s’en débarrasser ».

Malheureusement, ces pratiques se font de plus en plus. Le domaine du social ne doit pas s’appliquer aux lois du marché.


Sources 

https://www.lemonde.fr/televisions-radio/article/2019/01/16/enfants-places-les-sacrifies-de-la-republique-maltraites-humilies-et-violes-en-foyers_5410069_1655027.html 

https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7152907558943428608/ 

https://www.mediapart.fr/journal/france/201122/enfants-maltraites-mais-obliges-de-patienter-les-sacrifies-de-la-republique 

Protection de l’enfance : une mission sacrifiée | Mediapart