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Le traumatisme vicariant

créé par Manon Kaddour-Lantheaume - Dernière modification le 16/01/2024


 Le travail de psychologue est exigeant au niveau des émotions, de la cognition, physiquement et même spirituellement. De plus, la détresse à laquelle font face les psychologues et si le sentiment d’impuissance est bien trop fort, cela peut entraîner un traumatisme vicariant et/ou de la fatigue de compassion.

Le traumatisme vicariant 


Le traumatisme vicariant est l’exposition répétée et prolongée aux histoires de traumatismes des patients qui peut impacter le bien-être émotionnel et psychologique des professionnels, notamment les psychologues. Les symptômes sont les suivants : reviviscences, évitement et état d’alerte constant. De plus, un risque élevé à la consommation d’alcool est aussi à prendre en compte.

La fatigue de compassion 


La fatigue de compassion est provoquée comme pour le traumatisme vicariant, c’est-à-dire, qu’elle émerge lorsque le psychologue est exposé à répétition à une grande souffrance de la part de ses patients. Les symptômes se présentent comme tel : hypersensible, perte d’énergie (anergie), sentiment d’impuissance, grande remise en question.

Facteurs de risques 


Il existe plusieurs explications aux développement du traumatisme vicariant et de la fatigue de compassion.

  1. Nous avons la surcharge émotionnelle, qui passerait par un processus de mimétisme avec la théorie des neurones miroirs. Cela signifie qu’être en contact avec l’émotion d’autrui ça activerait la même région neuronale de celle-ci, donc l’émotion est reproduite par notre cerveau et nous permettrait de ressentir la même douleur que notre interlocuteur. Cette hypothèse est pour l’instant hypothétique.
  2. Toujours dans la surcharge émotionnelle, nous avons aussi le seuil de l’empathie dépassé, c’est-à-dire, que les psychologues feraient du contretransfert, de la sur-identification ou encore de l’introjection. La distance émotionnelle que met le professionnel avec son patient est finalement morcelée, flou ou inexistante.
  3. La création d’une structure de peur post-traumatique s’effectue dans l’intégration des vécus traumatique dans la cognition du psychologue, cela créer des structures de peur et donc par conséquent des réseaux d’associations conditionnées entre des éléments
  4. La remise en question de croyances fondamentales passe par le doute que le psychologue soit réellement efficace face à la souffrance de ses patients ou non

Au niveau des facteurs de risques ils sont liés au travail, comprenant le type de patients et les conditions de travail. Mais aussi, des facteurs liés au psychologue, ses traits de personnalité, fragilités antérieures, le degré de compétence, la qualité de vie et ses relations avec ses patients.

Facteurs de protection 


Il existe différentes stratégies pour prévenir et atténuer les symptômes du traumatisme vicariant et de la fatigue de compassion :

  • Pratiquer de la pleine conscience, dans le but de garder contact avec son corps, ses émotions et ses pensées
  • Pour le physique, avoir une bonne hygiène de vie et des activités positives dans le quotidien
  • Sur le plan émotionnelle, prendre le temps de se remplir d’émotions positives, se méfier des émotions négatives trop fortes et du sentiment d’engourdissement, avoir une attitude bienveillante avec soi même et entretenir de bonnes relations sociales
  • Pour le cognitif, il faut faire attention à ne pas surinterpréter ou minimiser des événements du quotidien, il est conseillé aussi de rechercher une congruence entre le mode vie, les valeurs et les conseils donner aux patients afin d’éviter le sentiment d’imposteur
  • Pour le professionnel, il est fortement conseillé d’être superviser, d’avoir du soutient de confères, d’établir des limites dans la quantité du travail ou les caractéristiques des patients que le psychologue reçoit, varier ses modes de thérapies et garder un bon environnement de travail

 

Malheureusement, il existe très peu d’études scientifiques sur la santé mentale et physique des psychologues. Pourtant, il devient primordial d’intégrer de la prévention dans les politiques à ce sujet, la santé des psychologues et des soignants est tout aussi importante que celle des patients.


« Faisons-nous nous-mêmes ce que nous conseillons si facilement aux autres de faire ? Oublions-nous trop facilement que notre vie professionnelle est un marathon et non pas un sprint ? Dans ce métier où nous donnons énormément, assurons-nous d’entretenir constamment notre vitalité » - Dre Pascale Brillon

Entretien avec Dre Pascale Brillon


Source 

Fatigue de compassion et trauma vicariant : quand la souffrance de nos patients nous bouleverse (sfap.org)