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Sur la définition du consentement

Un article de "Le Monde"

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 17/09/2023


Extrait de l'article paru le 05/06/2022 dans Le Monde, sous le titre « Monsieur le président, il est urgent d’adopter un plan de lutte contre les violences sexuelles à la mesure de l’ampleur de ce crime »

Indignées par la reconduction comme ministre de Gérald Darmanin et par la nomination de Damien Abad, visés l’un et l’autre par des accusations de viol, la présidente et les deux secrétaires nationales de l’association Choisir la cause des femmes dénoncent, dans une lettre ouverte publiée par « Le Monde », le cynisme d’Emmanuel Macron.

signé par  Maria Cornaz Bassoli
Avocate et secrétaire nationale de l’association Choisir la cause des femmes
Violaine Lucas
Professeure et présidente de Choisir la cause des femmes
Faye Tadros
Avocate et secrétaire nationale de Choisir la cause des femmes

Une inversion de la charge

En France, aujourd’hui, le mot « consentement » ne figure pas dans la définition du viol, et l’absence de consentement ne suffit pas à caractériser un viol. De nombreuses plaintes sont classées avant même qu’une enquête sérieuse n’ait été menée, se contentant du « parole contre parole » comme s’il s’agissait d’une fatalité.

Aujourd’hui encore, de nombreux stéréotypes empêchent les autorités de reconnaître un viol et les conduisent à mettre en cause la victime : elle avait trop bu, elle ne s’est pas défendue comme elle aurait dû, elle a pris des risques, elle a porté plainte trop tard, ou trop tôt, elle n’est pas crédible, elle cherche à se venger.
La vérité, Monsieur le président, c’est qu’on attend toujours des femmes qu’elles soient dociles, pour ne pas dire soumises, et que, quand une femme dit non, on ne veut pas l’entendre. Il est urgent, Monsieur le président, d’adopter un plan de lutte contre les violences sexuelles à la mesure de l’ampleur de ce crime dans notre société.

Mettre fin à l’impunité

Définir, d’abord, le crime de viol comme tout acte de pénétration qui n’a pas reçu l’expression d’un consentement positif, exprimé par la parole ou par les gestes. Le Canada, la Suède l’ont fait, l’Espagne est en train de le faire, pourquoi tardons-nous ? Il faut que l’on cesse d’entendre ce moyen de défense répété à l’envi : « je croyais qu’elle était consentante », et que l’on cesse de demander aux victimes de justifier de leur résistance. Seul un « oui » veut dire « oui ».

Prévenir, notamment par l’éducation sexuelle et affective à l’école, prévue par la loi mais si peu appliquée. Punir, ensuite, par le renforcement de brigades spécialisées, par la formation de tous les intervenants de la chaîne pénale entre autres. Accompagner, enfin, les victimes sur le plan juridique, psychologique et médical, car il s’agit aussi d’une question de santé publique.

« La société malade du viol ne peut guérir que si, en ayant fait le diagnostic, elle accepte de remettre radicalement en question les grands rouages de sa machine culturelle, et son contenu. C’est cette machine et la matière qu’elle broie et distribue qui fabrique des têtes où le viol n’est pas perçu comme un crime. » (Gisèle Halimi). Il est donc urgent, Monsieur le président, de mettre fin à l’impunité et de changer notre culture qui tolère le viol. Et de commencer par notre gouvernement.

Les autrices de cet article concluent sur cette citation de Gisèle Halimi : « La société malade du viol ne peut guérir que si, en ayant fait le diagnostic, elle accepte de remettre radicalement en question les grands rouages de sa machine culturelle, et son contenu. C’est cette machine et la matière qu’elle broie et distribue qui fabrique des têtes où le viol n’est pas perçu comme un crime. » (Gisèle Halimi).

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