Ce lundi 19 mai, le Nouvel Observateur a publié un article intitulé “Violences sexuelles : la grande faillite de l’Ordre des médecins” qui met en scène les graves manquements de l'Ordre des médecins en matière de lutte contre les violences sexistes et sexuelles dans le milieu médical en s’appuyant sur une enquête menée par le conseil national de l'ordre des médecins et dont les chiffres sont alarmants.Cette enquête datant de septembre 2024 est réalisée auprès de 285 000 médecins et internes a révélé que 29% des médecins reconnaissent avoir subi des VSS durant leur parcours étudiants ou professionnel. Un chiffre qui varie en fonction du sexe des praticiens, soit 54% chez les femmes contre 5% chez les hommes. Parmi les formes de violences, plusieurs sont inclus, le harcèlement sexuel, les agressions sexuelles , les viols….
L'enquête souligne également que 65 % des médecins ont eu connaissance de faits de VSS dans leur environnement professionnel. Malgré cette prise de conscience, une culture de l'omerta persiste, dissuadant les victimes de signaler les faits par crainte de représailles ou de discriminations professionnelles et de honte. Grâce à cette enquête et au mouvement #Me too à l'hôpital, la parole se libère de plus en plus, mais est souvent heurtée à l’indifférence par une hiérarchie complice et indifférente, aggravant la douleur des victimes en les réduisant au silence et provoquant l’indignation collective.
A la suite de ces constats, une défaillance fut reconnue par l’Ordre des médecins. Ce dernier a en effet admis que certaines affaires n’ont pas été traitées comme elles auraient dû l'être. Malgré la mise en place de mesures datant de 2019, censées faciliter les sanctions contre les auteurs de violences, leur efficacité demeure encore trop limitée. Il est désormais question d’évolutions législatives, demander par le CNOM afin de renforcer l’action et de prévoir, la relance d’une enquête similaire dans deux ans, avec l’objectif d’évaluer l’évolution de la situation.
À l’heure où l’institution promet des changements et annonce de nouvelles enquêtes d’ici deux ans, la profession médicale est confrontée à un tournant majeur: retrouver la confiance de ses membres et des patients passe désormais par une prise de responsabilité claire et des actes concrets.
Face à cette crise de confiance, de nombreuses voix s’élèvent aujourd’hui pour réclamer une réforme en profondeur de l’Ordre des médecins, estimant que sa mission première, garantir l’éthique de la profession, ne peut être remplie sans une volonté ferme de protéger les victimes et de sanctionner les auteurs. Les associations, collectifs de soignants et victimes appellent à la création d’une instance indépendante, en dehors de toute hiérarchie médicale, pour recueillir les signalements et assurer un traitement impartial des dossiers.
Car au-delà des chiffres, ce sont des vies brisées, des carrières interrompues, des vocations étouffées dans le silence. Rompre l’omerta ne peut plus reposer uniquement sur le courage individuel des victimes : c’est à l’ensemble des institutions médicales de se mobiliser, de se transformer, et de prouver que la tolérance zéro ne sera plus un slogan vide, mais une réalité appliquée.
Le monde médical ne pourra retrouver sa pleine légitimité qu’en se montrant exemplaire dans la lutte contre les violences sexistes et sexuelles. Et cela commence aujourd’hui.
Sources
Violences sexuelles : la grande faillite de l’Ordre des Médecins
Procès Joel Le-Scouarnec-pourquoi le role de l'ordre des médecins pose question