Le lundi 24 février 2025, la cour criminelle du Morbihan à Vannes s'est transformée en un lieu de douleur et d'espoir. Le procès de Joël Le Scouarnec, ancien chirurgien, s'est ouvert sous les yeux de centaines de victimes et de leurs familles, venues chercher justice après des années de silence et de souffrance. Sur une période de 30 ans,avec 299 victimes identifiées, principalement des enfants agés en moyenne de 11 ans, sous soumission chimique cette affaire résonne comme l'une des plus grandes tragédies de l'histoire judiciaire française surtout après le procès des viols de Mazan.
Une blessure qui ne guérira jamais
Joël Le Scouarnec, né en 1950 à Paris, était un homme de confiance pour des milliers de patients,un homme respecté. Mais derrière cette image de professionnel respecté, il cachait un homme qui a brisé d'innombrables vies. En 2005, il avait déjà été condamné à quatre mois de prison avec sursis pour détention d'images pédopornographiques, mais il avait pourtant continué à opérer en toute impunité jusqu'en 2017.
L'affaire a éclaté lorsque, en 2017, une fillette de six ans,voisine du chirurgien, brisée par les actes odieux de ce dernier, a osé parler des agressions sexuelles qu’elle subissait.. Son témoignage a été le premier pas vers une vérité insoutenable. Lors des perquisitions, la police a découvert des journaux intimes détaillant les souffrances qu'il a infligées à ses jeunes victimes, ainsi que des objets glaçants, preuves silencieuses de l'horreur .
Les familles, plongées dans un cauchemar, ont réalisé l'ampleur du mal. J'ai vomi de rage, confie une mère dont la fille fait partie des 19 cas prescrits. On aurait pu l'arrêter bien avant, éviter tant de vies détruites.
Un procès pour réparer l'irréparable
Dans la salle d'audience, le silence est pesant, entrecoupé de sanglots étouffés. Dès les premières minutes du procès, Joël Le Scouarnec a brisé l'attente insoutenable en avouant : J'ai commis des actes odieux. Des mots qui ne suffisent pas à réparer le mal infligé, mais qui marquent le début d'une reconnaissance judiciaire attendue depuis trop longtemps.
Le procès se déroule en partie à huis clos pour protéger les victimes, dont certaines, encore très jeunes, peinent à poser des mots sur leur douleur. Les avocats et les associations de protection de l'enfance sont là pour porter leur voix, pour s'assurer que plus jamais un tel silence complice ne permette à un prédateur d'agir impunément.
Une société face à ses failles
Ce procès est bien plus qu'une affaire judiciaire, il est le symbole d'un échec collectif. Comment un homme déjà condamné a-t-il pu continuer à exercer ? Comment les signaux d'alerte ont-ils pu être ignorés ? Ce sont autant de questions qui résonnent aujourd'hui, obligeant les institutions à se remettre en question.
Les familles des victimes espèrent que cette affaire ne sera pas seulement une page de l'actualité, mais un électrochoc pour que plus jamais aucun enfant ne soit abandonné à son sort. Nos enfants avaient confiance en lui, il était censé les soigner, murmure un père, les yeux rougis par la douleur.Comme le procès de Mazan,ce procès se doit d'être un tournant majeur dans la lutte contre les violences sexuelles, en imposant une conscience collective en renforçant les protection pour les enfants face à l’inaction des institutions où personne n’est à l’abri des traumatismes.
Si Joël Le Scouarnec est reconnu coupable, il risque jusqu'à vingt ans de réclusion criminelle. Mais pour les victimes et leurs proches, aucune peine ne sera jamais à la hauteur des blessures laissées par des années de cauchemar.
Cette affaire rappelle cruellement d'autres scandales, comme celui des viols de Mazan, qui avait déjà secoué la société. Aujourd'hui, l'heure est venue d'écouter, de reconnaître, et surtout d'agir pour que plus jamais un tel silence ne laisse place à l'horreur.
Sources
Affaire Le Scouarnec : le premier jour du procès à Vannes - ici
Affaire Le Scouarnec : ce procès qui attire les médias du monde entier à Vannes
TEMOIGNAGE. Affaire Le Scouarnec : "J’ai vomi de rage..." La colère d’une mère dont la fille fait partie des 19 cas prescrits - ladepeche.fr
Affaire Le Scouarnec : "J'ai commis des actes odieux", les premiers mots de l'ex-chirurgien à son procès pour pédocriminalité - lindependant.fr
Le procès d'un ancien chirurgien pédocriminel s'ouvre à Vannes: «J’étais en panique totale. J’appelais mon père!»
Près de 300 victimes, plusieurs mois de procès, des dizaines d’avocats… les quatre chiffres clés de l’affaire Le Scouarnec - midilibre.fr