Un tournant dans l'affaire Abida : La condamnation du père
Ce 7 mai dernier, un nouveau développement a eu lieu dans cette affaire d’inceste très médiatisée en France. En effet, Sophie Abida avait dénoncé deux ans auparavant, les violences physiques et sexuelles commises par son ex-compagnon à l’égard de deux de ses enfants. Ce n’est qu’en mai 2024, que ce dernier fût condamné en première instance à trois mois de prison avec sursis.
C'est la première fois que la justice reconnaît la parole des enfants de Sophie. Pauline Rongier, l'avocate de la mère, a exprimé son soulagement, soulignant que cette décision prouve que sa cliente agissait pour protéger ses enfants et non pour manipuler la situation. Selon Maître Rongier, cette décision pourrait influencer une réévaluation de la garde des enfants, aujourd’hui placés chez leur père malgré les accusations alarmantes pesant sur lui.
Une bataille juridique qui dure…
Depuis juillet 2022, Sophie Abida, cette mère seule de quatre enfants, accuse son ex-compagnon de violences physiques et sexuelles envers ses enfants. Ces accusations ont été corroborées par les témoignages des enfants eux-mêmes, pourtant, le 9 janvier 2023, c'est au père que le juge des affaires familiales a décidé de confier la garde des enfants. Quelques mois seulement après, Sophie Abida a été condamnée à 10 mois de prison pour avoir soustrait la plus jeune de ses filles à la garde du père.
Pauline Rongier a réagi à la décision du 9 janvier en critiquant l'usage abusif et infondé du syndrome d'aliénation parentale (SAP). Ce concept, trop souvent utilisé pour justifier les comportements abusifs du père, suppose que la mère « manipule » l'enfant pour l'éloigner de l'autre parent.
Des zones d'ombre et des débats persistants
Malgré cette condamnation, de nombreuses zones d'ombre persistent. Sophie Abida, déjà condamnée par le passé pour avoir accusé un ancien compagnon d'agression sexuelle sur un de ses enfants, voit ses allégations susciter des doutes.
Bertrand Lebailly, avocat de l'ex-compagnon, a quant à lui pris la parole pour défendre son client qui se dit victime d’harcèlement. Celui-ci a alors qualifié les agissements reprochés au père de "quelques fessées et tapes". Il souligne que son client a été relaxé concernant les accusations sur un des enfants et affirme que les enfants, suivis de près, évoluent très bien sous la garde de leur père.
La Ciivise, soit la Commission Indépendante sur l'Inceste et les Violences Sexuelles faites aux Enfants rappelle que la parole des victimes d'inceste et de violences sexuelles est encore largement sous-estimée par la justice, avec moins de 7% des plaintes aboutissant à une condamnation. Dans ce cas comme dans bien d’autres, la parole des enfants peine à être prise au sérieux. Les témoignages des enfants sont rares et bouleversants, pourtant, ils ne cessent d’être remis en cause, les poussant alors à se taire et à subir l’insurmontable.
Alors, bien que cette décision représente un soulagement pour Sophie Abida et ses défenseurs, elle est loin de résoudre entièrement l'affaire qui demeure complexe et controversée.