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Tentative noir et blanc de description d'un vivant

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 06/08/2023


Ce jour se déroule sur fond pâle de drap de lit, je reste immobile, je ne chasse même pas les heures lascives, je suis sur la photographie de ce jour avant même de l'avoir vécu.

Quelle est cette étrange force qui tisse les fils de ma mémoire ?

Un jour est rempli moitié de plein, moitié de vide, instantané, cliché de notre propre impuissance.

Les jours de survivance défilent comme un paysage derrière la vitre d'un train, pressés d'en finir de ce voyage lourd de rêves morts gisants sur les bords de la voie.

Las de la moindre tentative de départ, je refuse un temps certain le décollage de mes pieds.

Je me rapproche de mes livres, jusqu'à sentir l'immobilité de la page. Je glisse enfin sur mon sommeil pour rejoindre le monde des vivants.

Je voudrais apprivoiser ma mort, afin de jouer ma vie.

Brouillard sur les eaux plates du jour

Je godille lentement mon corps lourd

A demi noyé, à fleur des vagues

J’avance sans bruit au cœur du silence

Où l'ennui coule en fleuve d'argent

De mes veines ouvertes aux vents.

Je cultive encore quelques fragments d'une terre bouleversée

Un manège qui tourne sur des flonflons

Moi vieil enfant à califourchon

Toujours sur les mêmes raisons

A user mes fonds de pantalon

J'écluse les jours puis les semaines amères, je suis cloué au sol par un marteau invisible

L'activité se ralentit le temps s'accélère j'accouche d'un tourbillon d'ennui qui me centrifuge

Sur les vitres du néant avec mon squelette en dedans

Juste un petit souffle chaud continue à battre sans bruit

Il soulève la poussière des siècles sur les étagères vides

Il décalamine les tuyaux des rêves usés.

Puis je reprends la barre et je siffle les heures.

EN AVANT TOUTE !

Obsessions plurielles

Enfants pris par tous les bouts de ma mémoire, saturent mes images de la vie, ressuscitent mes peurs

je reste immobile face à ma préhistoire .

Dans cet espace là, je me fige à retourner le même ciment.

La pensée de la mort à force de trop la regarder de l'intérieur m’envahit comme la mauvaise herbe et les jours s'alourdissent comme de la boue jusqu'à peser des siècles.

Essayons d'écrire sur ces images simplement :

Chaque jour me revient le souvenir de mon père qui abusait de moi. J'avais au début environ 6 ou 7 ans, tout est flou, je me rappelle mes désobéissances, le cachot où m'enfermait ma mère, et surtout les derrières de portes où m'attendait mon père ; le goût de la vie a parfois un goût de sperme et d'incompréhension vertigineuse. Je voudrais prendre un peu de distance mais aujourd'hui il me semble m'y replonger de moi même, malgré moi. Comme si je cherchais une rupture à vivre.

Je me cherche des raisons, des raisons de quoi ?

Je baigne dans une culpabilité fossilisée qui nourrit ma mélancolie.C'est peut-être le vide actuel qui réveille les vieilles blessures.

Comme une prison du souvenir sans avenir.