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Les mères protectrices

La maternophobie en mouvement

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 27/10/2023


Dans les cas de dévoilement de faits d'inceste, les parents protecteurs sont essentiellement des mères ( 99% selon Illel Kieser el baz, directeur du Cavacs-France-Ibk) ; les pères sont souvent absents voire auteurs de la violence. Le fait que les mères soient les principales actrices dans les soins et la protection de l’enfant en cas de violence, surtout en cas d’inceste venant du père, est également un cas récurrent au Sénégal nous disent les pédopsychiatres de l’hôpital de Thiaroye. Ils expliquent cette implication par le fait que les mères comprennent davantage leurs enfants et que le sujet des violences sexuelles est difficile à aborder avec son père. (victimes d’abus sexuels p. 246) Sur les enregistrements, la souffrance de ces femmes est palpable ; on discerne nettement leur tension et leur émotion, la colère alternant avec le désespoir qui peut les envahir jusqu’à ce que leurs voix se brisent en un sanglot. Elles ont affronté, souvent seules, durant des mois voire des années, des obstacles tellement insurmontables que certaines ont abandonné, à bout de force. Il m’a parfois été difficile de les écouter tant leur peine est facilement transmissible lorsqu’elles évoquent les sévices subis par leurs enfants (souvent très jeunes), quand elles disent ce qu’elles ont enduré et endurent encore, quand elles déplorent l’inaction, l’indifférence de structures sensées les épauler, quand elles disent être désignées par ces mêmes structures comme les fautives... Oui, il est parfois difficile de mettre une distance avec l’horreur, de poser une impossible objectivité avec ce qui ne devrait pas être. Ces mères confient à Ibk leur mauvais état de santé, les dysfonctionnements qui sont survenus depuis qu’elles se battent, causés par l’épreuve qu’elles traversent : « Ces signes sont caractéristiques de ce qu’on appelle les psychotraumatismes. Des mamans comme vous sont constamment sous tension. ». Toutes les mères protectrices suivies auprès de l’association ont des parcours similaires : elles décrivent l’école, le foyer, les éducateurs, les travailleurs sociaux, l’entourage, les avocats, les juges et enfin les pères incestueurs comme de violents opposants. Elles ont peur, s’inquiètent pour leurs enfants mais sont ignorées, incriminées et taxées de « folles » ou de « mauvaises mères » alors qu’elles jouent leur rôle de parent protecteur ; elles parlent de corruption et de préjugés envers elles de la part de la justice au lieu d’être soutenues, leurs demandes sont sans cesse rejetées, leurs enfants confiés à l’agresseur. Les expertsies qui les mettent en cause usent de l'argument du SAP – Syndrôme d'Alénation Parentale – pour les discréditer. Notons que l'usage de ce syndrôme est lourdement sanctionné dans certains pays, Australie, Canada, USA... En France seul son usage est interdit, cela n'empêche nullement de nombreux experts.es d'utiliser sa définition sans utiliser le terme. Depuis quelques années, les experts.es maternophobes utilisent le symptôme de Münchhausen par procuration.
Ces femmes se battent seules pour leurs enfants parce que la pédocriminalité étant un sujet « délicat » et par trop choquant, l’entourage, les spécialistes et même des structures d’aide semblent préférer ignorer le sujet lorsqu’il est abordé et considérer que la mère est responsable, sans doute parce que c’est plus facile, plus acceptable. Pour Patrizia Romito, – https://www.cairn.info/revue-nouvelles-questions-feministes-2009-1-page-120.htm – il est particulièrement difficile pour une mère de faire face à l’inceste du père sur son enfant puisqu’elle doit composer avec le fait d'avoir aimé cet homme, continuer à prendre soin d’un enfant qui a été violenté et qui dit ses souffrances, être regardée avec méfiance par les services médico-psychologiques, se sentir en échec comme femme et comme mère de n’avoir pu empêcher cet inceste, et enfin faire face à la réalité qui est que pour la plupart des gens « admettre que l’inceste est un comportement fréquent chez les hommes « normaux » est intolérable, ils préféreront donc dire que la mère ou les enfants mentent. » (Romito p 110). Ainsi, en cas d’agression sur mineur (incestueuse ou pas), si c’est la mère qui révèle les violences, mais surtout si elle dénonce le père, elle sera en but à la méfiance, culpabilisée, sa parole rarement prise au sérieux. Les accusations se retournent contre elle dans l’écrasante majorité des cas (c’est une mauvaise mère, elle ment, elle se venge du père). Et si la mère porte plainte contre le père pour protéger son enfant, ce n’est pas lui qui sera mis en cause par la justice dans la plupart des cas, mais la mère qui sera accusée de manipuler l’enfant et elle-même condamnée pour non-présentation de celui-ci, qui lui sera retiré pour être confié au père. 

Ainsi, les comportements étranges des petites victimes décrits dans les dossiers du Cavacs-France ne paraissent alerter personne à part la mère, qui connaît bien son enfant. Samantha parle des dessins de sa fille Fiona, 5 ans, dont le caractère a changé depuis que l’enfant vit avec son père qui n’est autre que son agresseur ; ceux-ci sont moins colorés, la maison autrefois naïve devient une sorte de prison. De même on observe des comportements fortement sexualisés : Fiona se déshabille en public, raconte qu’elle dort dans le lit de son père, s’enferme dans le mutisme, son hygiène laisse à désirer, de larges cernes, une longue cicatrice d'origine inexpliquée. Nul, à l'école, ne s’alarment, quant auw services sociaux, ils mettent en caus la mère : fusionnelle, procédurière, reproduisant des conflits d'enfance contre son père. Les superlatifs ne manquent pas pour décrire la situation désespérée dans laquelle se trouvent ces mères. 
Samantha, en colère mais réduite à l'impuissance : « je suis massacrée, crucifiée ». Cela peut paraître exagéré, mais pas tant lorsqu’on entend des discours récurrents sur l’inaction des personnes et des structures autour d’elles. 
Le cas de Fanny est édifiant : victime de violences conjugales (qui provoquent notamment son accouchement prématuré), elle fuit son mari qui finit par la retrouver ; elle porte plainte une première fois (pour tentative d’effraction) et gagne le procès, mais sa demande d’anonymat concernant ses coordonnées est refusée par l’école, ce qui permet à son ex-conjoint de la harceler, d’essayer d’entrer par effraction à son domicile, de la menacer de mort, à tel point qu’elle fuit à 800 km pour lui échapper. Durant l’audience du divorce, la juge accorde au père la garde partagée, pendant laquelle il viole leur fille de 4 ans. Fanny ne se sent pas soutenue par la justice, au contraire ; ses échanges avec son psychothérapeute font part de l’hostilité du juge à son égard alors qu’elle porte plainte pour agression sexuelle sur mineur : «  il ne cesse de me charger ». Elle dit en avoir « marre des mesures insensées dans les procédures pour noyer le vrai problème », colère justifiée par les classements sans suite aux cinq plaintes qu’elle dépose pour menaces de mort (pourtant appuyée par les enregistrements des menaces de mort du père) et à la plainte pour violences pédocriminelles. Entre deux sanglots, elle parvient à articuler « je fais tout pour la sauver, pour la protéger, je suis la seule à porter sa parole, donc forcément je suis pas crédible ! ». Elle a tant lutté contre l’appareil judiciaire (avec d’autres femmes, elle porte notamment plainte contre l’État pour « manquement à ses obligations de protection ») que celui-ci s’est retourné contre elle.
Ariane se bat pour son fils Guillaume agressé sexuellement par sa grand-mère puis placé, elle parle de reports et de non-lieux constants dans les procédures judiciaires, son avocate lui confie en sortie d’audience, comme si elle découvrait le pot aux roses : « je suis persuadée qu’il s’est passé quelque chose avec votre mère – viol du garçon par sa grand-mère », alors qu’Ariane lui a fourni des preuves « depuis trois siècles ». Elle fait aussi mention d’une situation dans laquelle « on bafoue mon autorité parentale », puis : « ce qui arrangerait le foyer, c’est laisser la rumeur qui dit que c’est moi la mauvaise mère ».
Samantha, dont la fille, 3 ans, a été violée par son père mais demeure chez lui y compris pendant les confinements, s’insurge également : « Alors comment voulez-vous faire quand t’es face à une machine judiciaire justement qui représente la justice, les services sociaux, qui travaille en étroite collaboration avec les huissiers et tout ça, comme veux-tu être au-dessus d’eux quoi ? Vous savez bien que beaucoup de parents sont coincés face à ça ; je suis surveillée sur Facebook par les services sociaux. » 
Services sociaux qui ne reconnaissent pas le handicap de la petite Fiona, pourtant diagnostiqué par le passé ; ils ne font rien pour l’aider, fait également attesté par l'avocate remplaçante de celui qui « s’est arrangé pour la faire placer [sa fille] sans mon autorisation » et ne s’est pas présenté aux auditions. 
Patricia Romito exprime sa stupeur devant l’inaction des travailleurs des services sociaux : « leur lenteur, leur ambivalence et souvent leur parfaite incapacité à prendre en charge les victimes d'inceste (Frenken et Van Stolk. 1990; Gibbons, 1996), mais ils font preuve d'empressement lorsqu’il s’agit de condamner des mères ».
La structure scolaire ne semble pas aider non plus, les efforts sont longs : « six ans que l’Éducation Nationale n’a rien fait » ; son fils en pâtit : « Nicolas est sacrifié sur l’autel Dieu ». Quant à Samia, elle accuse les services sociaux d’avoir placé son fils Omar, alors jeune adolescent, plus longtemps que prévu, de l’avoir hospitalisé, où il a été attaché, violé en plus d’autres violences multiples. Souffrant d’un trouble autistique rare, l’hôpital n’aurait jamais cherché une structure adaptée, mais lui ont donné des médicaments interdits pour les mineurs à l’insu de Samia, parlant elle aussi d’un déni de son autorité parentale. Elle dit avoir déposé une plainte devant le Procureur, qui n’a jamais répondu malgré les preuves fournies ; elle se désespère du fait que personne ne veuille les aider, justice ou structures de santé. Ces mères évoquent la peur qu’elles ressentent : Samantha s’inquiète de la santé de Fiona et parce que son ex-mari « connaît plein de gens aux sociaux » et que « c’est toujours les mêmes trucs, c’est moi qui ait un problème » ; Fanny évoque la peur que sa fille soit placée par la Justice, « comme tous les dossiers, qu’ils se servent de ça » ; Samia parce que son fils de 18 ans est seul dans la rue, SDF, elle a peur qu’il ne meure : « il est en danger ». Elles se battent sans relâche, mais le combat semble encore long. 
Le Cavacs-France n'est pas la seule association à dévoiler ces dysfonctionnement dans la protection de l'enfance. Notamment le REPPEA dont la présidente a été mise en caus plusieurs fois pour avoir dévoiler des faits incestueux. https://reppea.wordpress.com/
Les travaux de la CIIVISE sont déjà contestés par certains professionnels proselytes de la maternophobie. Visionnez la vidéo édifiante de Sophie Robert – https://www.dragonbleutv.com/lheure-de-la-louve/maternophobie/ – sur ce sujet https://youtu.be/SbvdX5OGuzQ