Les violences sexuelles sont souvent associées aux femmes, pourtant de nombreux hommes en sont également victimes. Ce phénomène reste toutefois largement invisibilisé, en raison de stéréotypes liés à la masculinité et de tabous sociaux persistants. Les recherches disponibles mettent en lumière non seulement la fréquence de ces agressions, mais également leurs impacts psychologiques et les multiples obstacles auxquels les hommes sont confrontés pour obtenir une prise en charge adéquate.
Prévalence : une réalité sous-estimée
Les violences sexuelles à l’encontre des hommes sont bien plus fréquentes qu’on ne le pense généralement. Selon une synthèse d’études de *Consensus*, environ 16 % des hommes subiraient une forme de violence sexuelle au cours de leur vie. Les hommes sont agressés dans divers contextes : au sein du foyer, dans des environnements professionnels ou institutionnels tels que les écoles et les prisons, ainsi que dans des situations de conflits armés.
Les données de ScienceDirect (2010) révèlent que les hommes de tout âge et de toute classe sociale peuvent être victimes. Les jeunes hommes, notamment ceux issus de minorités ou de milieux précaires, sont particulièrement exposés. Par ailleurs, une enquête canadienne mentionnée dans cette étude met en évidence une vulnérabilité accrue des hommes homosexuels et bisexuels, bien que les hommes hétérosexuels ne soient pas à l’abri de telles agressions.
Des séquelles psychologiques profondes
Les violences sexuelles subies par les hommes entraînent des blessures psychologiques durables. Selon Sage Journals, les victimes masculines présentent fréquemment des symptômes de stress post-traumatique (PTSD), de dépression, d’anxiété, ainsi qu’un risque accru de comportements autodestructeurs, tels que l’abus de substances. Ces impacts sont exacerbés par le silence entourant ces agressions, car les hommes hésitent souvent à chercher de l’aide ou à parler de leur expérience.
L’absence de reconnaissance sociale aggrave également ce traumatisme. De nombreux hommes victimes ne se considèrent pas eux-mêmes comme tels, car la société peine à imaginer un homme dans le rôle de victime d’agression sexuelle, surtout si l’agresseur est une femme. Les recherches montrent également que ces expériences affectent leurs relations intimes, rendant parfois difficile l’établissement de liens de confiance avec un partenaire. Cette pression à "rester fort" renforce souvent les comportements autodestructeurs.
Les stéréotypes de genre : un obstacle majeur à la reconnaissance des victimes
La principale barrière à la reconnaissance des hommes comme victimes de violences sexuelles réside dans les stéréotypes de genre. Dans la plupart des cultures, la masculinité est associée à la force, au contrôle et à l’invulnérabilité. Cette vision de l’homme rend difficile la reconnaissance des violences qu’ils peuvent subir, car ils craignent de paraître faibles ou de voir leur virilité remise en question. Ces stéréotypes, amplifiés par les médias et les normes culturelles, conduisent de nombreux hommes à préférer garder le silence.
Une étude de ScienceDirect (2023) met en évidence la stigmatisation spécifique à laquelle les hommes sont confrontés lorsque les violences sont commises par des femmes. La société peine à concevoir les femmes comme des agresseurs sexuels, ce qui renforce le silence des victimes masculines, craignant de ne pas être crues ou d’être ridiculisées.
Briser le silence : des recommandations pour une meilleure prise en charge
Pour remédier à ces problématiques, il est crucial de déconstruire les stéréotypes autour de la masculinité et de reconnaître pleinement les violences sexuelles subies par les hommes. Cela commence par des campagnes de sensibilisation incluant explicitement les hommes en tant que victimes potentielles. Il est aussi essentiel de créer des espaces d’écoute et des services de soutien adaptés aux hommes victimes, où ils peuvent exprimer leur souffrance sans craindre le jugement.
Des recherches récentes de Consensus suggèrent qu’une meilleure prise en charge passe également par la formation des professionnels de la santé et des services sociaux. Ceux-ci doivent être formés pour détecter les signes de violence sexuelle chez les hommes et leur offrir un accompagnement adapté. Par ailleurs, des dispositifs spécifiques, comme des groupes de soutien ou des services d’écoute téléphonique dédiés aux hommes, doivent être accessibles.
Repenser la prise en charge des violences sexuelles envers les hommes
Les violences sexuelles envers les hommes constituent un enjeu de santé publique largement sous-estimé. Les études montrent que de nombreux hommes victimes souffrent en silence, sous le poids des stéréotypes de genre et du manque de soutien adéquat. Il est donc urgent de lever le tabou autour de cette question et de développer des structures adaptées pour reconnaître et aider ces victimes.
Reconnaître les hommes en tant que victimes à part entière est une question de justice et de santé publique. En sensibilisant davantage le public et les professionnels, nous pourrons développer des solutions adaptées et offrir un soutien accru aux hommes victimes de violences sexuelles.
Sources
- Male survivors' experience of sexual assault and support: A scoping review
https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S1359178923000253 - Second Assault of Male Survivors of Sexual Violence
https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/088626099014007003 - https://journals.sagepub.com/doi/10.1177/1097184X08322632
- https://consensus.app/results/?q=Homme%20victimes%20de%20violences%20sexuelles&pro=on&lang=fr