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Qui décide d'ouvrir ou de classer les affaires pour viol ?

créé par Manon Kaddour-Lantheaume - Dernière modification le 18/04/2024


Les victimes

Dans cette vidéo, nous voyons d’un côté le témoignage des victimes et de l’autre la manière dont la justice s’occupe de ces crimes.
Le point commun de ces témoignages c’est le besoin de reconnaissance du statut de victime, qui est vécu comme un réel soulagement.

Malheureusement, pas toutes les victimes ne bénéficient de ce droit d’être reconnu comme tel.

La justice 


Du côté de la justice, le reportage nous montre différents corps de métier, tous s’occupant du même type d'affaires.

Nous pouvons y voir une procureure consultant une synthèse d’affaire de viol et la classer sans suite car les mises en causes et les témoins affirment que la victime était consentante et que dans son témoignage la victime ne définit pas clairement son consentement.

Une autre affaire du même genre, cette fois-ci avec une avocate qui annonce à sa cliente que son affaire pour viol a été classer sans suite pour le procureur. Une fois encore, par manque d’éléments dans l’enquête. L’avocate lui explique alors les différents recours de la plaignante pour mener en justice son agresseur. On comprend facilement que le combat sera long et douloureux pour la victime.

Pour finir, nous voyons un substitut du procureur s'occuper d’une affaire de pédopornographie. Dans ce cas, une comparution immédiate a été effectuée. Une autre affaire, cette fois-ci, d’inceste est pris rapidement en charge avec la garde à vue des parents.

Pour conclure 


Ce reportage nous montre bien la détresse des victimes face à une justice glaciale au regard de leurs témoignages, s’appuyant seulement et littéralement sur le concept de viol par « menace, violence, surprise et contrainte ». De plus, en recevant un classement sans suite de son affaire, la victime n’est pas reconnue comme victime et l’agresseur n'est jamais poursuivi au tribunal. 

 


 


A quoi servent les expertises judiciaires ? 


Les expertises psychologiques dans le cadre d’affaires judiciaires pour violences sexuelles sont censées éclairer la décision du juge, elles ont pour but d’évaluer les séquelles du traumatisme sexuelle, à condition d’y être formé et de ne pas avoir des croyances qui baissent l’expert.


Nous retrouvons dans ces fameuses expertises, la conclusion de « l’affabulation », dans ce cas, le psychologue judiciaire considère que la victime ment pour « rendre sa vie moins banale » et se rendre intéressante.

Il existe une absence totale d’empathie des experts et une grande méconnaissance du psychotraumatisme. En effet, les symptômes psychotraumatiques sont utilisés à l’encontre de la plaignante au lieu de les reconnaître comme des conséquences du crime subi. De plus, un suivi psychiatrique est souvent suggéré mais dans le but « d’atténuer les éléments interprétatifs » concernant l’agresseur et non dans un accompagnement post traumatique.


De plus, en France, l’expert peut procéder avec sa propre méthodologie mais le juge n’est pas obligé de s’appuyer sur ses conclusions.


Comment explique-t-on ces expertises qui vont à l’encontre de la victime ?


Malheureusement, les experts mais aussi les magistrats n’échappent pas aux biais de représentations sexistes. Qui plus est, ils sont très peu voir pas du tout formé sur l’emprise psychologique que peut avoir l’agresseur sur sa victime, l’état de sidération lors d’un viol ou d’une agression, les relations amoureuses toxiques et encore moins au psychotraumatisme. « C’est un angle mort de la lutte contre les violences faites aux femmes. »


Pour être psychologue expert judiciaire il suffisait d'avoir cinq ans de pratique en psychologie, maintenant, depuis juin 2023, il est désormais obligatoire d’être formé à l’expertise judiciaire. Mais pas encore au psychotraumatisme ou aux violences sexuelles.

Chiffres clés :

  • 86 % des plaintes pour des violences sexuelles sont classées sans suite
  • 72% des plaintes pour violences conjugales sont classées sans suite
  • 14% des agresseurs sexuelles sont jugés, parmi eux, 13% sont reconnus coupables
  • En 2012, la réponse pénale pour les auteurs de violences conjugales s’élevait à 5,4 mois en moyenne
  • En 2021, ceci augmente à 8 mois
  • Pour le harcèlement sexuel les peines s’élèvent à 6,8 mois en moyenne
  • Pour les agressions sexuelles ça s’élèvent à 19,6 mois en moyenne
  • Pour les viols les peines vont à 29,6 mois en moyenne


 

 

Prise de paroles d’avocates et témoignages de femmes qui ont subi des expertises psychologiques judiciaires désastreuses… Ce podcast décortique comment ces psychologues judiciaires viennent à renvoyer autant de violence aux victimes. 

 

Source : 

Justice : 86 % des plaintes pour des violences sexuelles classées sans suite (20minutes.fr)
NOUS GUÉRIR | Écouter podcast en ligne gratuitement (radio.fr)
Violences sexuelles devant la justice : des expertises psychologiques au biais souvent sexiste (telerama.fr)
Au procès des folles | ARTE Radio