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Pour la Terre et l’Humanité : Le Combat Écoféministe

Écoféminisme : Un Combat pour la Vie, un Combat pour l’Avenir

créé par Marie Carolle Marcelin - Dernière modification le 12/12/2024


En février 1974, dans un petit village des montagnes de l'Himalaya, quelque chose d'extraordinaire s'est produit. Des femmes, de tous âges, se sont rassemblées dans une clairière, leurs regards résolus et leurs pas lourds de détermination. Elles ont encerclé de vieux arbres, ces mêmes arbres qui les avaient abritées, nourries et protégées pendant des siècles. Elles ont enlacé ces géants verts contre leurs poitrines, défiant les bûcherons venus pour abattre leur forêt au nom du profit d’une entreprise lointaine. À cet instant, ces femmes savaient qu’elles se battaient non seulement pour sauver des arbres, mais pour protéger la vie même de leur communauté. Ce mouvement, devenu célèbre sous le nom de Chipko, allait inspirer une vague de résistance mondiale, unissant les luttes pour l'environnement et les droits des femmes.
Des décennies plus tard, sur les rives d’une rivière en Amérique latine, un autre groupe de femmes se dresse. Elles portent des pancartes, chantent des chants de lutte, et refusent de reculer face aux bulldozers et aux forces de l’ordre qui protègent une entreprise minière prête à dévaster leur terre sacrée. Leurs visages sont marqués par des années de combat, de pleurs, et de rires. Pour elles, la terre n’est pas qu’une simple ressource économique, c’est une mère, une héritière de leurs ancêtres, un sanctuaire. Elles se battent contre l'empoisonnement de leurs eaux par les métaux lourds, contre la disparition de leurs forêts, et contre la destruction de leurs vies. Comme les femmes de Chipko, elles sont prêtes à risquer leur vie pour défendre leur droit de vivre en harmonie avec la Terre.
Deux histoires, très éloignées géographiquement, mais qui partagent un lien profond : celui d’un combat contre la destruction aveugle de la nature et l'oppression des femmes. Elles illustrent l’essence même de l’écoféminisme, un mouvement qui reconnaît que la domination de la nature et celle des femmes sont intimement liées, issues d’un même système de pouvoir patriarcal et capitaliste.


I. Les Racines Profondes de l’Écoféminisme : Liens entre Oppressions et Exploitation

L’écoféminisme émerge dans les années 1970, lorsque des penseuses comme Françoise d’Eaubonne ont commencé à articuler la connexion entre la destruction de l’environnement et l’oppression des femmes. Elles ont vu comment le patriarcat et le capitalisme considéraient à la fois les femmes et la Terre comme des ressources à exploiter, des entités à dominer. Leur message était clair : pour sauver la planète, il faut également lutter contre les systèmes qui exploitent et oppriment les femmes.
Ce mouvement a trouvé un écho retentissant dans de nombreuses communautés à travers le monde. En Inde, avec le mouvement Chipko, les femmes ont pris la tête de la lutte contre la déforestation, démontrant que leur combat pour la nature était aussi un combat pour leur survie. En Amérique Latine, des femmes indigènes se sont opposées à des projets miniers destructeurs, affirmant leur droit à vivre sur leurs terres ancestrales sans craindre la pollution et la violence. Ces femmes n’agissent pas seulement en tant que protectrices de la nature, mais comme gardiennes de la vie. Elles montrent que l’écoféminisme est une réponse aux crises multiples de notre époque : écologique, sociale, économique, et culturelle.


II. Diversité et Intersectionnalité : Un Mouvement Inclusif et Global

Contrairement aux idées reçues, l'écoféminisme n'est pas un mouvement monolithique. Il est profondément intersectionnel, reconnaissant que les femmes subissent l'oppression de multiples façons en fonction de leur race, de leur classe sociale, de leur orientation sexuelle, et de leur identité culturelle. Les femmes indigènes, par exemple, apportent une perspective unique à l’écoféminisme. Pour elles, la terre n'est pas simplement une ressource naturelle ; elle est sacrée, elle est leur mère, elle est l'origine et le destin de leur peuple. Lorsque leurs terres sont prises ou détruites, c’est bien plus qu’une question économique : c’est un génocide culturel. Elles perdent leurs histoires, leurs pratiques spirituelles, et leur connexion à leurs ancêtres.
Vandana Shiva, une autre figure clé de l'écoféminisme, a souligné l’importance des savoirs traditionnels portés par les femmes, notamment dans le Sud global. Elle a montré comment ces femmes possèdent des connaissances cruciales pour la protection de la biodiversité et la souveraineté alimentaire. En promouvant des méthodes agricoles durables, elles préservent la Terre tout en nourrissant leurs communautés. L’écoféminisme, en valorisant ces savoirs, propose des alternatives viables et résilientes face à la crise écologique.


III. Au-Delà de la Théorie : L’Écoféminisme en Action

L’écoféminisme ne se contente pas de critiquer les structures de pouvoir existantes ; il appelle à l'action. À travers le monde, des mouvements écoféministes s'organisent pour défendre la Terre et les droits des femmes, en s'attaquant aux racines de l'exploitation et de la destruction.
En Afrique de l'Ouest, des coopératives agricoles gérées par des femmes promeuvent des pratiques de culture qui respectent la biodiversité et résistent mieux aux chocs climatiques. Ces initiatives non seulement protègent l’environnement, mais elles autonomisent également les femmes, en leur offrant des moyens de subsistance et une voix dans leurs communautés.
En Europe, des groupes écoféministes mènent des actions contre les industries extractives et les projets nucléaires, proposant des alternatives basées sur les énergies renouvelables et les économies locales.
En Amérique du Nord, les femmes autochtones sont à l'avant-garde des mouvements contre les pipelines et l'extraction de combustibles fossiles, protégeant leurs terres sacrées contre les ravages de la pollution et du changement climatique.
Ces initiatives démontrent que l’écoféminisme est un mouvement global, à la fois local et transnational, qui relie les luttes pour la justice sociale et environnementale. Il ne s'agit pas seulement de préserver la nature, mais aussi de transformer nos sociétés pour qu’elles soient plus justes et plus durables.


IV. Les Défis de l’Écoféminisme : Critiques et Réponses

Malgré sa pertinence et son urgence, l'écoféminisme n'échappe pas aux critiques. Certains lui reprochent de glisser vers un essentialisme qui associe les femmes à la nature de manière quasi mystique, tandis que d'autres accusent le mouvement de manquer de pragmatisme face aux défis économiques et politiques globaux.
Pourtant, ces critiques ignorent souvent la diversité et l'évolution constante de l’écoféminisme. Le mouvement n’est pas figé ; il est vivant, nourri par des débats internes et des adaptations aux réalités contemporaines. Les éco féministes répondent que loin d'être essentialistes, elles cherchent à déconstruire les rapports de pouvoir qui subordonnent à la fois les femmes et la nature. Elles plaident pour une société qui valorise le soin, la coopération, et la durabilité plutôt que la domination, l'extraction, et la consommation.


V. Un Appel Urgent à l’Action : Se Lever pour la Terre et l’Humanité

Nous sommes à un point de bascule. Les crises écologiques, sociales, et économiques convergent, nous rappelant brutalement que notre modèle de civilisation est insoutenable. Les incendies ravagent les forêts, les inondations engloutissent des villes, et les pandémies se répandent. Face à ces défis, l’écoféminisme nous offre une lueur d’espoir, une vision alternative où la justice et la durabilité sont au cœur de nos sociétés.
Il est temps de répondre à cet appel. De petits gestes, comme s'éduquer, consommer de manière plus responsable, et soutenir les initiatives locales, peuvent faire une grande différence. Plus que tout, nous devons amplifier les voix des femmes qui sont en première ligne de ces luttes, et nous unir dans la solidarité pour construire un monde plus équitable et respectueux de la Terre.

 Bâtir un Monde Nouveau, Ensemble !

L'écoféminisme est plus qu'un simple mouvement ; c'est une révolution des cœurs et des esprits. Il nous invite à repenser radicalement nos relations avec la nature et entre nous. Il propose une vision d'un monde où l'harmonie, l'égalité et le respect prévalent sur l'exploitation et la domination.
Un monde où la Terre n'est pas simplement une ressource à exploiter, mais une maison commune à aimer et à protéger. Un monde où les femmes ne sont pas des subalternes, mais des leaders, des gardiennes, et des sages. Un monde où chaque vie est précieuse, où chaque être est respecté, et où chaque communauté a le droit de prospérer.
Il est temps d'écouter le cri de la Terre et des femmes, de joindre nos forces, et de bâtir ensemble ce monde nouveau. Car la lutte pour la planète et la lutte pour l'égalité sont une seule et même lutte. Et c'est une lutte que nous ne pouvons pas nous permettre de perdre.