Depuis 2020, près d’un million d’enfants sont victimes de harcèlement au sein de leur école. Même si le phénomène n’a rien de nouveau, il s’amplifie d’année en année. Le gouvernement en a même fait une de ses priorités tant les tentatives de suicides sont en forte hausse.
Chaque jour, des élèves victimes se confrontent à leur bourreau dans la cour de récréation. La mécanique bien rodée du harcèlement scolaire fait figure de spirale infernale. Mais qu’est-ce qui pousse les enfants à devenir violents envers leur camarade ? Et quelles mesures sont mises en place pour aider à enrayer ce fléau ?
Le harcèlement scolaire en quelques mots
Une brimade, une moquerie, une bousculade un peu appuyée, sont là des jeux d’enfants lorsqu’ils revêtent un caractère exceptionnel. Mais lorsque ces gestes et ces mots sont infligés volontairement, quotidiennement et dirigés contre la même personne, alors le harcèlement scolaire est avéré. Le processus de domination-soumission est lancé. Cet ensemble de comportements inadéquats de l’élève-auteur, ou du groupe d'élèves, est donc de faire mal par divers moyens à son souffre-douleur. Menacer, frapper, ignorer ou avoir des propos obscènes… vont à l’encontre d’une relation d’équité entre camarades d’école.
Faire en sorte d’isoler les victimes de leurs camarades de classe est un autre procédé récurrent. De ce fait, elles se sentent invisibilisées, négligées et ont un fort sentiment d’inutilité.
De la maternelle à la faculté en passant par les grandes écoles d'ingénieur ou de médecine, tous les enfants, adolescents et jeunes adultes sont susceptibles un jour de se retrouver d’un côté ou de l’autre de la barrière.
« Art. L. 111-6.-Aucun élève ou étudiant ne doit subir de faits de harcèlement résultant de propos ou comportements, commis au sein de l'établissement d'enseignement ou en marge de la vie scolaire ou universitaire et ayant pour objet ou pour effet de porter atteinte à sa dignité, d'altérer sa santé physique ou mentale ou de dégrader ses conditions d'apprentissage. Ces faits peuvent être constitutifs du délit de harcèlement scolaire prévu à l'article 222-33-2-3 du code pénal.
La détresse des enfants persécutés
Chaque jour, se rendre à l’école est un supplice. Les questions restent toujours les mêmes pour ces enfants : pourquoi moi ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ?
Un enfant harcelé est soumis sans répit à de petites attaques insidieuses. Et il suffit de peu de choses pour qu’il soit stigmatisé : sa couleur de peau, ses origines sociales ou géographiques, son physique, son intelligence.
Cependant, l’impact psychologique et physique d’un tel acharnement est grand. Ne comprenant pas pourquoi il vit cette injustice, l’élève se renferme peu à peu sur lui-même, à une baisse de ses résultats scolaires et se sent vulnérable. Petit à petit, les cauchemars, les insomnies, les troubles de l’humeur, la somatisation, la méfiance et l'hypervigilance font leur apparition. Les angoisses à l’idée de participer à des activités en groupe et la phobie scolaire les maintiennent dans des états de tension constants. L’enfant subit alors son lot d'humiliations ou de sévices corporels sans parvenir à se défendre. Le stress qu’il vit est aussi un véritable traumatisme pour la construction de son identité. En effet, l’image qu’il aura de lui sera erronée car elle dépendra de celle renvoyée par ses agresseurs.
Parce qu’un enfant pense qu’il est seul à vivre du harcèlement, il n’ose souvent pas en parler autour de lui ou bien il a tout simplement honte de ne pas savoir comment gérer la situation. Si aucune prise en charge n’est effectuée, l’enfant grandit avec une perte de confiance et d’estime de soi. Il est aussi plus susceptible de se retrouver à l’âge adulte dans des relations professionnelles ou personnelles, où domination et soumission se rejouent. Cet engrenage, s'il n’est pas stoppé peut aussi mener à des conduites à risque, telles que l’addiction à l’alcool, au sexe ou aux drogue.
La tentative de suicide, voire dans les cas extrêmes le passage à l’acte, s’avère souvent pour eux la seule solution à leur enfer quotidien.
Les harceleurs et leurs complices
D’un côté, une victime et de l’autre, un agresseur prenant plaisir à se moquer, à humilier. L’un ne peut aller sans l’autre. C’est une auto-alimentation, un cercle vicieux dans lequel sont enfermés les deux parties sans même s’en rendre compte.
L’immaturité du harceleur ou l’envie de toute puissance sont souvent des facteurs déclenchants. Mais un harceleur n’est pas un loup solitaire, il agit avec une cohorte de suiveurs. C’est leur regard, qui lui donne un sentiment de toute puissance. L’effet de groupe agit comme un moteur pour assouvir son besoin d’attention. Cela lui assure ainsi une certaine popularité et une forme d’appréciation de la part des autres élèves. Bien souvent, ces derniers se placent dans une situation où ils n'osent pas le contredire afin de garder leur place au sein du groupe. L’exclusion de ce clan pouvant être une menace, ils ne disent rien. La crainte d’être à leur tour une victime est trop angoissante. Maintes fois, les élèves affirment qu’ils ne se rendaient pas compte que c’était du harcèlement. “ C’est pour rire, c’est un jeu.” Et puisqu'il semble réjouissant de s’amuser aux dépens d’autrui, tant que le bourreau ne se fait pas attraper, il continue en embarquant les autres avec lui.
En banalisant la violence qu’il inflige à un autre, cela peut aussi être un exutoire de sa propre souffrance ou d’émotions difficiles à gérer. Il a peut-être déjà été lui-même confronté au harcèlement soit à l’école soit dans son cercle familial.
Actions contre le harcèlement scolaire
Pour que chaque élève puisse retrouver une scolarité apaisée, il est nécessaire que les enfants harcelés et harceleurs soient pris en charge rapidement et correctement.
Le gouvernement a prévu de créer des brigades anti-harcèlement dans chaque académie. Et un nouveau système de protocole prévoit la systématisation des procédures disciplinaires à l’encontre des élèves auteurs de harcèlement.
À l’automne 2023, des questionnaires d’auto-évaluation anonymes ont été remis aux élèves de primaire jusqu’à la terminale. Des ateliers anti-harcèlement où les élèves sont sensibilisés sont proposés dans les établissements scolaires.
Le plan de prévention du harcèlement, connu sous le nom de programme pHARe, a été mis en place en 2021 dans les écoles et collèges puis a été étendu jusque dans les lycées à la rentrée 2023.
Le 3018 est une plateforme d’écoute et de signalement gratuite et anonyme à destination des enfants victimes et de leur famille. Une écoute professionnelle par un psychologue peut l’aider à reconstruire son estime de soi.
Depuis quelques années, la littérature jeunesse met aussi en avant des livres et des podcasts très intéressants sur ce qu’est le harcèlement scolaire pour les parents parfois perdus, désemparés face au harcèlement de leur enfant.
Pour les parents :
Si l’enfant devient taciturne alors qu’il était joyeux, qu’il se renferme sur lui-même voire devient agressif à la maison, posez-lui des questions. Écoutez-le, soutenez-le, rassurez-le et surtout croyez-le. Il est indispensable de se rapprocher de l’établissement dans lequel il est scolarisé afin d’expliquer ce qu’il vit. Cependant, vouloir régler le problème en contactant l’auteur des faits est contre-productif et peut mettre l’enfant encore plus en danger.
Si l'enfant est harceleur, parlez-lui, faites-lui comprendre que son comportement est un délit, trouvez des solutions avec lui et la direction de l’école.
La mise en place de cours d’empathie voulus par le gouvernement et une plus grande compréhension du harcèlement scolaire pourront peut-être aider à le diminuer. Mais pour celles et ceux qui l’ont subi, les traces du passé ne s’effacent pas facilement et les séquelles peuvent encore être nombreuses.
Notre équipe d’accompagnement est présente pour vous soutenir si vous rencontrez des difficultés. Ne restez jamais seul avec vos problèmes.
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Sources :
Qu'est-ce que le harcèlement ? |Ministère de l'Education Nationale et de la Jeunesse
https://www.unicef.org/parenting/fr/soins-attentifs/parler-du-harcelement-a-votre-enfant
https://www.education.gouv.fr/non-au-harcelement
https://eduscol.education.fr/974/la-lutte-contre-le-harcelement-entre-eleves
https://www.france-victimes.fr/index.php/informations-pratiques/817-le-harcelement-scolaire