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Contribution contre les Violences Infantiles

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 06/08/2023


Témoignage anonyme
Toulouse juillet 2022

 

Je suis une meuf trans blanche de 43 ans, et j’ai vécu pas mal de maltraitance infantile. Beaucoup de violences physiques et psychologiques de mon père contre ma mère et contre moi.

 

Contre elle beaucoup de hurlements (jusqu’à se faire virer de certains restaurants ou avoir des plaintes voisinales), des insultes et dévalorisations constantes, des conduites bourré très rapides avec nous à bord dans le but de terroriser ma mère, un œil au beurre noir, la traîner par les cheveux de l’entrée à la cuisine…

Contre moi beaucoup de claques, un coup de poing au visage devant toute la famille qui détourne le regard, des fessées “déculottées” suffisamment violentes pour que le voisin de pallier s’inquiète et sonne à notre porte, puis plus tard du gaslighting en niant que tout ça était arrivé, en me traitant de folle. Et possiblement d’autres choses que j’ai occultées.

 

Les deux étaient issu·e·s de classe “moyenne” (je n’aime pas ce terme mais je n’en trouve pas d’autre) blanche et réactionnaire.

Du côté maternel une grand-mère prof d’anglais et un grand-père cheminot.

Du côté paternel un grand-père apprenti charcutier à 14 ans qui avait fini par s’enrichir dans le business de la rillette, et son épouse qui l’avait suivi en travaillant pour leur commerce.

Mon père est un mec socialement très bien vu, et ses collègues de travail l’appréciaient, au boulot il était beaucoup plus souriant qu’en famille. Il a commencé contrôleur technique dans la métallurgie et a fini haut cadre dans les assurances, méprisant toujours plus les ouvrier·e·s et les gauchistes, un mépris de classe croissant au fur et à mesure de l’augmentation de son salaire.

 

Lorsque je me suis dirigée vers une première littéraire les deux m’ont fait redoubler sans mon consentement pour une troisième seconde, technologique cette fois, dans la restauration/hôtellerie. Leur peur (fondée) que je devienne une “intellectuelle de gauche” selon leur expression ridicule, leur avait fait occulter que dans la restauration, malgré le fait que je serai obligée de porter un joli costume trois pièces (le plus important à leurs yeux), je me convertirai de fait en une ouvrière et acquerrai sur le tas une conscience de classe inébranlable. Je me rappelle mon père qui, au restaurant, continuait à mal parler aux serveuses et les mépriser ouvertement devant moi, en n’ayant visiblement pas trop conscience que je passais mes semaines à apprendre exactement le même métier, à suer et courir de la même manière, confrontée à d’autres imbéciles souvent moins antipathiques que lui.

 

À l’âge adulte j’ai donc coupé les ponts avec ma famille de naissance une première fois après la mort de ma grand-mère maternelle, la seule qui avait eu le courage de confronter mon père, une fois, suite au cocard qu’il avait mis à ma mère.

 

Je me suis alors mise en couple, et mon amoureuse m’a progressivement convaincue de renouer avec elleux, car on prévoyait de concevoir un·e enfant·e et elle aurait aimé qu’iel connaisse ses grand·e·s parent·e·s. Ce fut un désastre, chaque tentative se soldait par des situations très conflictuelles et j’étais chaque fois de nouveau confrontée à leurs violences psychologiques.

 

Malgré tout, mon père paraissant alors plus inoffensif (sûrement un préjugé âgiste de ma part), nous leur avons laissé leur chance en leur donnant la possibilité de passer trois jours seul·e·s avec notre fils lorsqu’il avait trois ans, et je me suis rendu compte rapidement qu’il n’était pas passé loin de vivre une expérience traumatisante analogue à celles de mon enfance. Ce fut la fin définitive de ma relation avec mes parent·e·s, pas vraiment par ressentiment, mais surtout pour protéger notre enfant. Et malgré le fait que ma mère est également une victime de mon père, je n’ai toujours pas d’autre choix que de ne plus lui parler car elle le soutient aveuglément, et nie aujourd’hui tout ce dont j’ai été témoin comme tout ce qu’elle me confiait à l’époque. Ce n’est pas facile d’avoir rompu avec elle, c’est même très dur car elle me manque beaucoup, j’aimerais pouvoir avancer sur cette situation mais ce n’est pas possible.