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L’instrumentalisation de l'enfant victime

De la perversion des mœurs et des lois, phénomène de société ?

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 27/10/2023


Résumons

D’un côté, une société – la nôtre – qui a érigé en principe constitutionnel une loi dite des marchés (Maastricht) qui, avec les meilleures intentions du monde, au lieu de favoriser la libre entreprise et la créativité, produit des effets toxiques qui commencent à peser lourd dans le budget des nations – burn out, suicides professionnels, management de type sadique, etc.

 

De l’autre, à notre humble niveau, des dysrégulations fâcheuses, scandaleuses qui mettent en danger la vie de nombreux enfants face à la toute puissance de mâles certains de leur pouvoir. (Patrizia Romito, 2006) Ceux-ci sont souvent aidés par la complicité surprenante des acteurs chargés de préserver l’ordre – cosmos – des lieux. Sans parler, bien entendu de l’étendue des dégâts provoqués par les atteintes sexuelles aux femmes adultes.

Deux aspects qui convergent, montrant la prééminence de la loi du plus fort érigée quasiment en principe. Loi qui profite, la plupart du temps au mâle. (Dorothée Dussy, 2013) Comme très souvent l’Histoire l’a montré, il n’y a pas de lien de causalité d’un phénomène à l’autre. Ils sont inscrits de manière synchronique dans une dynamique dont on sait seulement qu’elle participe d’une mutation globale de la désormais ancienne société qui nous a vu naître.

Conclusion

J’ai essayé de montrer plus haut et rapidement certes, que les phénomènes de déviance auxquels nous faisons face dans notre expérience quotidienne relèvent autant de la dynamique spécifique et restreinte – histoire d’une famille – que de phénomènes bien plus importants qui découlent d’une mutation de nos sociétés.
Nous avons été formés, nous avions l’habitude de traiter ces aspects spécifiques des pathologies de la famille selon des modalités qui convenaient au sein d’une société stable ou, dirait-on, tout était à sa place. Or, souvent impuissants, parfois même mis en cause, nous sommes témoins d’une dérive de l’un des piliers de nos société, la Justice vacille. Ébranlée, elle entraîne avec elle l’être qui serait censé assurer la permanence, l’inventivité et la voie du futur à la société, l’enfant.

Je termine en citant Patrizia Romito : « Si nous voulons être optimistes, et cela est bien nécessaire pour continuer à agir, c’est de raison et non pas d’illusion qu’a besoin cet optimisme. La raison nous dit que la prise de conscience des droits des femmes et des enfants s’opère désormais au niveau planétaire ; la raison nous dit qu’à partir de cette conscience, qui appartient maintenant à tant de femmes et à bien des hommes, on ne peut plus revenir en arrière. Mais la route est longue, la fatigue s’accumule et il arrive que notre espoir chancelle. » (Op. cit., p.258)
J’ajoute enfin que si nous avons grandement besoin d’espoir et de détermination, il nous faudra accepter de faire éclater les anciens cadres de formation et d’action qui nous été transmis. L’éradication de la violence perverse à l’encontre des enfants et des femmes est un projet de longue haleine, qui touche à une dynamique de société qui agit à bas bruit et qui s’avère redoutablement toxique. C’est pourquoi ce projet nécessite des ressources importantes et à long terme. (Pickup, 2001, cité également par Patrizia Romito)

Quelques lectures recommandées :

La science asservie, Annie Thébaud-Mony, Éd. Odile Jacob ;
La sociologue Annie Thébaud-Mony -Directrice de recherches à l’INSERM - analyse comment un très grand nombre de scientifiques ont été amenés à s’inscrire dans le processus de confiscation de la science au service des intérêts privés de grands groupes industriels, avec la complicité active de l’État. Même éloigné de notre sujet, l’ouvrage est intéressant par comparaison. On pourrait paraphraser et résumer notre propos par : « La justice asservie ».

Outreau, la vérité abusée, Marie-Christine Gryson-Dejehansart, Hugo&Co éd., comment par une formidable perversion de la réalité, amplifiée par des journalistes complices, est né un phénomène de foule avec sa conclusion inéluctable, aveuglement et lynchage médiatique, les véritables victimes mues en objets de suspicion.

L'ordre le droit et la victime, Illel Kieser 'l Baz, sa souffrance confisquée, la victime serait assimilée à une sorcière, Hommes et faits, <http://hommes-et-faits.com/Dial/spip.php?article315>

La fabrique de l’homme pervers de Dominique Barbier, Odile Jacob 2013. (Vision psychanalytique de la déliquescence de la famille, absence du père, suprématie de la mère, etc.)
Voir résumé : <http://blog.psychotherapie-integrative.com/vers-une-societe-de-la-perversion/>

Perversion et pouvoir, < http://mecaniqueuniverselle.net/perversion/politique-perversion.php> Évocation des sociétés animales sollicitant les instincts animaux... référence implicite aux bas instincts. La perversion vue ici comme un retour à la nature primordiale considérée comme lieu de barbarie.

"La perversion à travers les âges", Dossier de Sciences humaines, <http://www.scienceshumaines.com/la-perversion-a-travers-les-ages_fr_28744.html>

Bibliographie et documentation

– Audet J., Katz J.-F., Précis de victimologie générale, 2006, Dunod, Paris.

– Diamond Jared, Effondrement, Folio essais, Gallimard 2006.

– Dussy Dorothée, Le berceau des dominations, Anthropologie de l’inceste, Livre 1, 2013, Éditions La Discussion, Marseille.

– Gimbutas Marija, Le langage de la Déesse, 2005, Des femmes, Antoinette Fouque.

– Kieser l Baz Illel, Inceste, pédocriminalité, crimes contre l’humanité, Lierre & Coudrier éditeur, Toulouse 2007.

– Lopez G., Portelli S., Clément S., Les droits des victimes, droit, audition, expertise, clinique, Dalloz, 2007.

– Pickup F. Ending violence against women. A challenge for development and humanitarian work, Oxfam Pub., Oxford 2001.

– Romito Patrizia, Un silence de mortes, La violence masculine occultée, 2006, Éditions SEPS, Bologne.

– Roulan N., Anthropologie juridique, 1988, P. U. F., Paris.

– Wemmers J.-A., Introduction à la victimologie, 2003, Presses de l’Université de Montréal.