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Les psychothérapies

Classement et définitions

créé par La Rédaction du site - Dernière modification le 03/08/2023


D – Les thérapies fondées sur les découvertes récentes des neurosciences

Association des thérapies

Même si chaque courant assume de manière préférentielle tel ou tel objectif – comportement, changement d’attitude, reconditionnement ou modification du système d’appréciation du patient – il apparaît de plus en plus que chaque école de psychothérapie tend vers des processus plus intégratifs et globalistes. L’ouverture vers l’éclectisme est un atout pour la recherche, dans le cadre de ce que certains praticiens nomment la « révolution pluraliste ».

Il serait préjudiciable pour le patient que le thérapeute s’enferme dans une seule forme de pratique ou de théorie.

Le processus psychothérapique traverse des périodes qui sont affectées en qualité et en rythme. Tout comme, chaque individu est soumis à des cycles que la chronobiologie a bien repérés, le processus d’avancée psychologique en terrain de découverte est soumis, lui aussi, à des cycles qu’il convient de repérer. Ces cycles ont une qualité spécifique et invariable : à certains moments, l’approche comportementaliste sera judicieuse et de nouveaux conditionnements pourront s’opérer. Puis, le processus semblera toucher des zones plus profondes de la psyché, des contenus archaïques feront leur apparition, parfois violemment et il faudra bien y faire face. L’approche dynamique est plus opportune à ce moment là.

Enfin, l’approche systémique, pour peu qu’elle soit bien gérée permettra d’anticiper et de prévoir.

On remarquera qu’à chaque phase de ces cycles, c’est l’entité humaine comme être global se trouve concernée : psyché, corps et environnement. Comme s’il s’agissait de formes différentes d’une même figure dont les représentations s’étendent sur plusieurs espaces.

E – Outils d’évaluation et d’anticipation

Ce bref tour d’horizon nous aide à comprendre que les outils d’évaluation et d’anticipation sont de toute première importance dans le processus thérapeutique.

Évaluation primaire dès la première consultation mais aussi possibilité d’anticipation à ce même instant, c’est ce que devrait pouvoir envisager un psychologue auquel une première demande de psychothérapie est faite. Il va sans dire alors qu’il devra, au moins, avoir connaissance des différents outils de psychothérapie, à défaut de les connaître tous. Le premier temps d’une psychothérapie est d’abord un temps de médiation qui doit permettre une orientation du patient et le choix d’une voie psychothérapique.

Puis, tout au long du processus d’autres outils d’évaluation et d’anticipation pourront être mis en place. Cela, chaque courant, chaque technique sait le faire mais, le plus souvent à l’intérieur de son propre système de théorisation et de pratique, pas dans l’interaction d’une technique à une autre.

L’avenir de la psychothérapie se jouera à ce niveau dans des temps proches. Cela ne manquera pas d’avoir des conséquences sur la formation des psychologues et des psychothérapeutes. (le titre de psychothérapeute n’existe pas en France)

F – Définition de la psychothérapie

Il n’y a pas de définition unique de la psychothérapie. Globalement, « c’est l’ensemble des moyens psychologiques qui peuvent être mis en œuvre dans un but thérapeutique » Pichot et Allilaire (2003) C’est une définition parallèle à celle de la thérapeutique médicale, elle s’appuie sur la différenciation classique corps/psychisme. Elle s’inscrit dans l’axe du cartésianisme dominant, cela ne veut pas dire qu’elle soit satisfaisante et globalement opérationnelle. Cela voudrait dire que l’individu se fractionnerait selon qu’il serait atteint d’un trouble repéré comme somatique ou selon qu’il s’agirait d’une perturbation psychique.

On peut cependant élargir la définition et nous appuyer sur ce qui fait le fond commun de la plupart des auteurs.

La psychothérapie a pour objectif de soulager les souffrances liées à une détresse psychique. Elle cherche à faire évoluer cette souffrance vers un mieux-être.

La psychothérapie s’appuie sur une ou plusieurs méthodes et un appareillage d’outils psychologiques – verbal, expressionniste, corporel, artistique, etc. – qui se distingue des autres moyens utilisés pas les thérapies médicales.

Le processus psychothérapeutique s’appuie sur des dispositions contractuelles qui délimitent la place du praticien, l’engagement de ce dernier en dialectique avec celui de son patient.

Le rôle principal d'un praticien, dans une psychothérapie, est de consolider les fonctions de la conscience, afin de donner à la personne les moyens d'affronter ses vérités, historiques et présentes, de lui permettre une meilleure intégration dans la vie de tous les jours, cela selon ses propres critères personnels (ceux du patient bien entendu)

Les praticiens contemporains s’entendent pour dégager des facteurs communs :

  • Accroître le sentiment d’efficacité personnelle ;
  • Maintenir, selon les besoin, le niveau émotionnel à un taux acceptable ;
  • Susciter et augmenter le désir de nouveaux comportements et des changements d’attitude ;
  • Par suite, faciliter de nouvelles expériences de vie et mieux affronter ce qui ne l’était pas auparavant
  • Faciliter l’implication dans le processus de la thérapie ;
  • Permettre une meilleure perception de soi, une plus grande sensibilité et l’auto-observation. Psychothérapies plurielles (2009)

On peut ajouter, en premier lieu et comme objectif primordial : le retour de l’estime de soi, support incontournable de la réédification du Moi.

La psychothérapie peut être associée à des soins psychiatriques, le plus souvent dans le cadre de pathologies lourdes ou très handicapantes. Elle fait alors l’objet d’une indication médicale contrôlée. Mais il arrive fréquemment, sans que la situation soit grave, que le recours à des prescriptions psychiatriques soit nécessaire. Ce sont des situations provisoires, qui ne laissent pas présager une décompensation psychotique mais la personne a besoin d’un soutien durant un temps et pour surmonter une période difficile.

Elle peut aussi procéder d’une démarche individuelle autonome qui ne nécessite pas une prise en charge lourde associée à des soins médicaux, ou bien de manière très épisodique et légère – insomnies passagères, troubles de l’anxiété non chroniques, troubles de l’appétit, etc.

Cadre juridique légal

Il va de soi que la multiplicité des méthodes, la diversité de l’offre mais aussi l’incertitude à laquelle se trouve confronté le public, en cas de besoin, impose un cadrage réglementaire et légal d’exercice garantissant la qualité des soins et protégeant des dérapages.

En France, ce cadre réglementaire est en débat depuis les années 70, depuis le « projet Anzieu ». C’est le projet du député Accoyer qui a été adopté, sans que soient levées les nombreuses ambigüités dénoncées par de nombreux praticiens. L’exercice de la psychothérapie est très encadré et contrôlé. Une inscription au fichier ADELI est obligatoire pour se prévaloir du titre de Psychologue clinicien.

Ajoutons enfin que le titre de médecin ou de psychiatre ne garantit pas la qualité de l’exercice de la psychothérapie alors que ces praticiens peuvent pratiquer des psychothérapies sans contrôle. Ces personnels médicaux ne sont pas formés à la pratique psychothérapique et, pour le psychiatre, c’est le plus souvent une démarche personnelle qui le conduit à suivre des formations spécifiques.

Normalisation ou guérison ?

Se pose maintenant la question de la psychothérapie comme instrument de normalisation. Les sociétés humaines se densifiant de plus en plus, l’espace de liberté personnelle semble se restreindre dans le même temps. En fait, il se dégage peu à peu une sorte de personnalité standard adaptée au monde où nous vivons. Chacun doit pouvoir offrir au regard commun cette image anonyme et interchangeable qui signe la « parfaite adaptation ». Derrière ce masque, chacun est libre de développer les talents, les vertus personnelles qu’il veut. Mais qu’en est-il alors du lien qui pourrait subsister entre le masque commun et cette personnalité individuelle, confinée dans les espaces intimes ? Ne se pose-t-il pas la question du décalage entre l’un et l’autre, voire d’une distorsion si grave qu’elle provoquerait une dissociation fatale à l’équilibre général de la psyché ?

La réponse à cette question ne relève pas seulement de l’exercice de la psychothérapie mais il s’agit d’un problème bien plus vaste, un défi lancé à nos sociétés contemporaines. Comment l’individu peut-il trouver un sens à sa vie, un plaisir légitime à participer à l’histoire du groupe social auquel il appartient, dans une société qui semble de plus en plus broyer les individualités, les cellules traditionnelles d’épanouissement de la fantaisie et de l’inventivité ?

La question n’est pas nouvelle, elle faisait déjà débat au début de XXe siècle. Jung et Freud s’entendaient pour dire que plus une société se densifie, plus les règles et les lois qui la structurent et l’organisent génèrent des névroses – à entendre ici au sens ancien du terme.

Autres informations

On lira avec profit le dossier : La psychothérapie en Francepar Serge Ginger, Secrétaire général de la Fédération Française de Psychothérapie (FFdP)

Le numéro spécial de Sciences humaines : Grands Dossiers N° 15 - juin-juillet-août 2009 - Les psychothérapies